psychisme», il faudrait donc accepter nĂ©cessairement l'hypothĂšse de l'inconscient. Selon lui, la conscience n’est que la partie visible de l’iceberg, c’est-Ă -dire que la conscience n’est qu’une toute petite partie de l’appareil psychique, la plus grande partie est immergĂ©e, elle est inaccessible, elle reprĂ©sente l Ilest indĂ©niable qu'il a assemblĂ© tous ces sujets de discussion de salon, ou de fulgurances, dans le cas de Novalis, en thĂ©orie, plus ou moins scientifique. AprĂšs, on a souvent l'impression qu'il a mis la charrue avant les bƓufs, au meilleur service de son succĂšs personnel et de ses intĂ©rĂȘts propres, en espĂšces sonnantes et trĂ©buchantes et en statue de marbre pour Maisce prĂ©tendu savoir immĂ©diat de la conscience n'est-il pas un leurre ? Certes Descartes parle d'une saisie de la conscience par elle-mĂȘme, mais celle-ci n'a rien de commun avec une simple prise de conscience immĂ©diate de soi. Ce n'est qu'au terme d'un processus de nĂ©gation de ce qui n'est pas elle que la conscience se saisit d'elle-mĂȘme, devient conscience de soi. Sujet5118. Discuter cette opinion de J.-J. Rousseau qu'il suffit, pour apprendre les lois de la vertu, de rentrer en soi-mĂȘme et d'Ă©couter la voix de la conscience dans le silence des passions. Sujet 102349. Dissertation sur un texte de Bergson : la conscience de l'ĂȘtre. Sujet 4152. Rechercheparmi 274 000+ dissertations. Sujet : « Peut-on connaĂźtre l'inconscient ? ». Pour connaĂźtre l'inconscient il faudrait que ce soit, en quelque sorte un fait observable, puisque connaĂźtre c'est dĂ©terminer une intuition sensible par un concept or l'inconscient est l'ensemble de phĂ©nomĂšnes psychiques inaccessibles Ă  la conscience LInconscient est un terme qui dĂ©signe l'ensemble des processus psychiques qui Ă©chappent Ă  la conscience. La conscience, elle, est la connaissance qu'a l'homme de ses pensĂ©es, de ses sentiments et de ses actes. La conscience, par cette possibilitĂ© qu'elle a de faire retour sur elle-mĂȘme, est toujours Ă©galement conscience de soi. . L’inconscient psychique, dĂ©couverte ou invention freudienne ? La question de l’inconscient en psychologie, selon la forte parole de Lipps, est moins une question psychologique que la question de la psychologie. » Freud, L’interprĂ©tation du rĂȘve, Paris PUF, 2003, Introduction Qu’est-ce que l’esprit ? Et peut-il ĂȘtre inconscient ? Ce sont lĂ  deux questions distinctes qui pourtant ont Ă©tĂ© confondues dans la thĂšse conscientialiste, thĂšse qui identifie l’esprit Ă  la conscience et qui est trĂšs explicitement formulĂ©e chez Locke. Une idĂ©e ne peut exister dans l’esprit sans que ce dernier ne puisse en ĂȘtre conscient, car si une telle idĂ©e existait sans ĂȘtre consciente, elle serait Ă  la fois existante et non existante, ce qui est une contradiction impossible selon le principe fondamental de la logique et de l’ontologie, rien ne peut exister et ne pas exister en mĂȘme temps. Pourtant il y a les faits de l’hypnose tels que les rapporte Freud suite au stage qu’il accomplit Ă  Nancy dans l’unitĂ© du professeur Bernheim. Un ordre quelconque est donnĂ© Ă  une patiente en Ă©tat d’hypnose. Une fois Ă©veillĂ©e, elle accomplit l’ordre tout en ayant tout oubliĂ© des circonstances qui ont Ă©tĂ© concomitantes Ă  la suggestion de l’ordre, comme l’hypnotiseur, l’état d’hypnose, etc. OĂč est partie l’idĂ©e hypnotique ? Elle Ă©tait prĂ©sente de maniĂšre latente dans l’esprit, tout en Ă©tant absente de la conscience. Les idĂ©es hypnotiques montrent bien une dissociation entre l’esprit et la conscience, car on ne peut pas dire des idĂ©es hypnotiques qu’elles Ă©taient prĂ©sentes Ă  la conscience tout en Ă©tant inconscientes ! Les idĂ©es de Freud et ses concepts fondamentaux Grundbegriffe sont rentrĂ©s dans la culture gĂ©nĂ©rale commune. Tout le monde a – au moins ! – entendu parler du complexe d’ƒdipe. Ses idĂ©es semblent Ă©videntes et appuyĂ©es sur des milliers d’observation. Pourtant le rĂŽle de l’hypnose dans la genĂšse de la psychanalyse est passĂ© pudiquement sous silence. Il faut savoir que l’hypnose, depuis Mesmer, n’a pas bonne presse en France. Les idĂ©es de Freud continuent Ă  susciter de vives polĂ©miques. Dans la premiĂšre dĂ©cennie du siĂšcle qui commence on peut relever en 2002, la revue Sciences et avenir » titrait Comment comprendre les rĂȘves sans Freud ? » Ce titre remettait en question un des rĂ©sultats fondamentaux de la psychanalyse, Ă  savoir que nos rĂȘves ont un sens et qu’ils doivent ĂȘtre interprĂ©tĂ©s. Freud avait Ă©crit que l’interprĂ©tation des rĂȘves est la via regia d’accĂšs Ă  l’inconscient ». En 2005 Ă©tait publiĂ© Le livre noir de la psychanalyse, une charge des neurosciences contre la psychanalyse. En 2010, Michel Onfray publiait Le crĂ©puscule d’une idole. Que cache la remise en question de la psychanalyse et de l’idĂ©e d’inconscient qu’elle promeut ? Peut-on qualifier le freudisme de mythologie comme le firent Ă  tour de rĂŽle Wittgenstein, ou Alain au dĂ©but du XXe siĂšcle ou encore de nos jours le psychiatre François Roustang ? Mais Freud ne dit-il pas lui-mĂȘme que la thĂ©orie des pulsions est, pour ainsi dire, notre mythologie » Nouvelles confĂ©rences d’introduction Ă  la psychanalyse, Gallimard, Folio, ? Quels sont les enjeux de ce dĂ©bat ? PremiĂšre partie l’inconscient avant Freud. Contrairement aux idĂ©es reçues il y a des conceptions de l’inconscient avant Freud, mais cet inconscient est ou bien de nature corporelle chez Descartes ou bien c’est une pensĂ©e obscurcie, une simple nĂ©gation de la conscience qu’elle peut rĂ©duire en droit en y apportant ses lumiĂšres comme chez Leibniz. L’inconscient est alors la marque de notre finitude, de l’impossibilitĂ© pour notre entendement de rĂ©soudre analytiquement tout ce qui est contenu dans la Nature. Voyons d’abord la conception cartĂ©sienne de l’inconscient, puisqu’une conception philosophique française s’y rĂ©fĂšre constamment malgrĂ© les variantes. Cette conception de l’inconscient que l’on retrouve chez Descartes se prĂ©cise peu Ă  peu dans les dĂ©bats et polĂ©miques suscitĂ©s par ses MĂ©ditations mĂ©taphysiques, dans ses rĂ©ponses aux objections qui lui permettent de prĂ©ciser ce qu’il entend par la conscience. A/ Les esprits-animaux de Descartes Pour les meilleurs commentateurs de Descartes, en particulier AlquiĂ©1 et Martial GuĂ©roult2 la pensĂ©e est synonyme de conscience. Ils citent Les Principes I, 9 et L’Entretien avec Burman ainsi que l’exposĂ© gĂ©omĂ©trique qui suit les rĂ©ponses aux secondes objections Ă  l’appui de leur thĂšse. Une pensĂ©e est quelque chose en nous dont nous sommes conscients ut ejus immediate conscii sumus. La rĂ©ponse de Descartes aux QuatriĂšmes Objections d’Arnauld vient les conforter Un fƓtus dans le ventre de sa mĂšre pense et il est mĂȘme conscient de penser mais ne s’en souvient plus3 ! Les pensĂ©es des enfants sont des pensĂ©es directes et non des pensĂ©es rĂ©flĂ©chies4. Les Objections rĂ©digĂ©es par Arnauld avait soulignĂ© cette difficultĂ© Cette proposition me semble fausse que Monsieur Descartes donne pour une vĂ©ritĂ© trĂšs constante, Ă  savoir que rien ne peut ĂȘtre en lui, en tant qu’il est une chose qui pense, dont il n’ait connaissance conscius. [
] Mais qui ne voit qu’il peut y avoir plusieurs choses en l’esprit, dont l’esprit mĂȘme n’ait aucune connaissance ? Par exemple, l’esprit d’un enfant qui est dans le ventre de sa mĂšre, a bien la vertu ou la facultĂ© de penser, mais il n’en a pas connaissance conscius »5. La conscience est une propriĂ©tĂ© essentielle de la pensĂ©e sans laquelle la pensĂ©e ne peut ni ĂȘtre ni ĂȘtre pensĂ©e. L’identitĂ© de la pensĂ©e et de la conscience conduit Ă  la radicalitĂ© de la thĂšse selon laquelle les animaux ne sont pas conscients, sont de simples machines, car ils ne pensent pas ! Il s’agit de concevoir la possibilitĂ©, si l’ñme pense, de ne pas en avoir la connaissance ou de ne pas en ĂȘtre consciente, c’est-Ă -dire d’ĂȘtre incapable de se savoir pensante ou de saisir explicitement cette facultĂ© qui est en elle de penser. Descartes a rĂ©pondu Ă  Arnault nous n’avons pas de connaissance adĂ©quate de nous-mĂȘme Ă  cause de la finitude de notre entendement. Il se peut que Dieu ait mis en nous des facultĂ©s que nous ignorons absolument. Il y a donc de l’inconscient en nous Ă  cause de notre finitude, mais cet inconscient est de l’inconnu. De plus nous faisons de nombreux mouvement machinalement sans que l’esprit ou la volontĂ© les commande. Nous mouvements sont en cela semblables Ă  ceux des animaux. AlquiĂ© commente cette rĂ©ponse en suivant sa lecture, il semblerait bien que nous ayons ici affaire Ă  une sorte d’inconscient, qui prendrait la figure d’une connaissance tacite ou voilĂ©e, implicite, au moins pendant un moment, avant que sa prise en considĂ©ration la rende justement explicite. De ce point de vue, l’inconscient selon Descartes passe pour ne durer qu’un temps et n’avoir, en tant que tel, rien de permanent ou de substantiel, pour autant que la subsistance est justement l’une des caractĂ©ristiques de la substance. Ainsi, lorsque nous parlons d’inconscient, il faudrait toujours entendre par lĂ  un Ă©tat inconscient nĂ©cessairement temporaire et non un arriĂšre-fond ou un substrat permanent de la conscience, susceptible de faire l’objet d’une hypostase. Telle notre propre ombre, cette instance fugace semble ainsi sans cesse nous Ă©chapper. Est-ce Ă  dire qu’il faut renoncer Ă  parler d’inconscient selon Descartes, au moins en tant que substantif, voire en tant que qualificatif ? Ce dernier note qu’il faut remarquer que nous avons bien une actuelle connaissance des actes ou des opĂ©rations de notre esprit » AT VII, 24622-23=IX-1, 190. Cela signifie clairement que, dĂšs que nous pensons quelque chose, ce Ă  quoi nous pensons, le contenu de notre pensĂ©e notre idĂ©e considĂ©rĂ©e selon ce qu’elle reprĂ©sente ou son concept objectif est prĂ©sent Ă  notre esprit. Ce dont nous n’avons pas idĂ©e, nous ne le pensons pas. Descartes rejette la possibilitĂ© de l’inconscient comme mode de la pensĂ©e ou sorte de facultĂ© spĂ©ciale, parce que nous ne pouvons pas Ă  proprement parler nous disposer volontairement Ă  nous servir d’une facultĂ© que nous ignorons, pas plus que nous ne pouvons, lorsque nous disposons de l’une de nos facultĂ©s, l’ignorer de maniĂšre permanente, puisqu’une telle façon de penser, dĂšs qu’elle sera envisagĂ©e selon son fonctionnement effectif, devra cesser d’ĂȘtre ce qu’elle est, c’est-Ă -dire inconsciente d’abord virtuelle, puis tacite. Une facultĂ© ne peut pas ĂȘtre secrĂšte par nature. Cependant la question de l’inconscient rebondira alors sur les passions ou les passivitĂ©s de l’ñme. Cette rĂ©ponse ouvre la voie aux critiques de la transparence Ă  soi-mĂȘme de l’esprit cartĂ©sien, au premier rang desquelles se trouvent celles des RP. Malebranche, Daniel ou Lamy. Qu’est donc alors prĂ©cisĂ©ment cet inconscient cartĂ©sien ? Il ne se peut agir ni d’une chose permanente, ni d’un mode de la pensĂ©e, si l’on entend par lĂ  une facultĂ© spĂ©ciale. Par ailleurs, cet inconscient ne saurait pas non plus ĂȘtre une sorte d’idĂ©e considĂ©rĂ©e selon son contenu, mais Ă  jamais cachĂ©e, une idĂ©e Ă©tant prĂ©cisĂ©ment ce qui est immĂ©diatement prĂ©sent Ă  l’esprit. L’inconscient n’est pas non plus une idĂ©e secrĂšte, dissimulĂ©e au fond de notre Ăąme. Ce que l’on peut Ă©ventuellement ne pas penser, ou ce qui peut cependant rester un moment tacite ou implicite, c’est donc seulement le rĂŽle jouĂ© par certaines facultĂ©s dans la constitution de nos pensĂ©es actuelles, ou par certaines idĂ©es dans nos raisonnements. L’inconscient est alors envisagĂ© comme une fonction ou un processus opĂ©ratoire, comme un exemple cĂ©lĂšbre peut l’illustrer. Chacun se souvient en effet de l’anecdote relative Ă  l’amour que le jeune Descartes avait portĂ© Ă  une petite fille qui louchait, dont les vestiges avaient, pendant un moment, dĂ©terminĂ© l’affection que celui-ci accordait aux personnes prĂ©sentant des signes de strabisme. Lorsque j’étais enfant, j’aimais une fille de mon Ăąge, qui Ă©tait un peu louche ; au moyen de quoi l’impression qui se faisait par la vue en mon cerveau, quand je regardais ses yeux Ă©garĂ©s, se joignait tellement Ă  celle qui s’y faisait aussi pour Ă©mouvoir en moi la passion de l’amour, que longtemps aprĂšs en voyant des personnes louches, je me sentais plus enclin Ă  les aimer qu’à en aimer d’autres, pour cela seul qu’elles avaient ce dĂ©faut ; et je ne savais pas nĂ©anmoins que c’était pour cela6 ». On a lĂ  un exemple de ce que Freud appellera une fixation infantile du dĂ©sir. Descartes explique cette fixation de la maniĂšre suivante Les objets qui touchent nos sens meuvent par l’entremise des nerfs quelques parties de notre cerveau, et y font certains plis, qui se dĂ©font lorsque l’objet cesse d’agir ; mais la partie oĂč ils ont Ă©tĂ© faits demeure par aprĂšs disposĂ©e Ă  ĂȘtre pliĂ©e derechef en la mĂȘme façon par un autre objet qui ressemble en quelque chose au prĂ©cĂ©dent12 ». Il n’y a lĂ  rien d’autre que la rĂ©surgence mĂ©canique d’une liaison antĂ©rieure entre l’image de la petite fille et une certaine Ă©motion qui l’accompagnait ; un pli dans le cerveau et rien de plus. C’est la base de la thĂ©orie des associations d’idĂ©es qui sera dĂ©veloppĂ© plus tard par Hume. Dans cet exemple, Descartes paraĂźt bien Ă©voquer un processus opĂ©ratoire de la pensĂ©e, qui est pourtant inconscient. Or cela semble s’opposer Ă  la lettre du texte cartĂ©sien oĂč nous voyons Ă©crit Nous avons bien une actuelle connaissance des actes ou des opĂ©rations de notre esprit ». Ce qu’évoque cette derniĂšre citation a tout l’air d’ĂȘtre une rĂšgle gĂ©nĂ©rale, qui dit que nous sommes conscients de toutes ces opĂ©rations. Comment expliquer cette apparente contradiction ? C’est du cĂŽtĂ© de l’union des deux substances qu’il faut rechercher la thĂ©orie cartĂ©sienne de l’inconscient. Pour Descartes l’homme est l’union ou le composĂ© d’une Ăąme et d’un corps tous deux substantiels, mais nĂ©anmoins unis de maniĂšre insĂ©parable. Le problĂšme est similaire Ă  l’union des trois personnes dans la thĂ©ologie trinitarienne. Sa thĂ©orie des esprits-animaux vise Ă  expliquer les effets de l’union sur l’homme. On a dit que Descartes s’est inspirĂ© de Francis Bacon pour sa thĂ©orie des esprits-animaux10. Pour Descartes les esprits-animaux sont des corps trĂšs petits » qui se meuvent trĂšs vite dans tout le corps et dont la fonction est de mouvoir le corps. Pour faire comprendre la notion d’esprits-animaux, Descartes raisonne par analogie c’est comme l’eau qui anime les fontaines. La thĂ©orie des esprits-animaux explique les passions de l’ñme par passions Descartes entend les toutes les pensĂ©es qui sont excitĂ©es en l’ñme sans le concours de la volontĂ© et par consĂ©quent sans aucune action qui vienne d’elle par les seules impressions qui sont dans le cerveau11 ». Les passions de l’ñme sont des actions du corps, elles sont en nous sans nous, elles sont bien des pensĂ©es, mais des pensĂ©es qui ne doivent rien Ă  notre volontĂ©, et elles ne pourraient ĂȘtre en nous si notre corps n’existait pas. Les passions de l’ñme sont donc des pensĂ©es inconscientes. La connaissance de ces mĂ©canismes libĂšre l’ñme de cette tyrannie du corps Descartes constate Ă  propos de sa passion pour les femmes louches » Depuis que j’y ai fait rĂ©flexion et que j’ai reconnu que c’était un dĂ©faut, je n’en ai plus Ă©tĂ© Ă©mu ». En rĂ©sumĂ© L’inconscient est l’obscuritĂ© de l’idĂ©e que nous nous faisons de nous-mĂȘme, qui en fait l’imperfection et qui nous en rend la connaissance inadĂ©quate. Du point de vue de ce que nous sommes au prĂ©sent, c’est-Ă -dire actuellement pensants, cet inconscient cependant n’est rien de pensĂ© ce n’est pas un ens notum. Du point de vue de ce que nous pourrions raconter de nous-mĂȘme ou de ce que nous pensons de nous-mĂȘme sur le mode du souvenir, il est pourtant bien quelque chose une privation d’une connaissance qui pourrait ĂȘtre en nous. Dans l’ordre des connaissances immĂ©diates considĂ©rĂ©es actuellement notitiĂŠ, donc, l’inconscient semble ĂȘtre comme une nĂ©gation. La question est de savoir si cet inconscient est pourtant bien prĂ©sent en moi au moment oĂč je le crois opĂ©rant. D’une part, cet inconscient est censĂ© ĂȘtre de l’ordre du pensable sans y ĂȘtre jamais pensĂ©, puisqu’il est comme la nĂ©gation d’une pensĂ©e. D’autre part, il est toujours envisagĂ© par rĂ©flexion ou dĂ©couvert aprĂšs coup, quand il n’est plus effectivement. Apparemment, l’inconscient n’est pas formellement en moi quand il opĂšre, puisque je n’y pense pas. L’inconscient est de l’ordre de la causalitĂ© chez Descartes. L’étant se dit de deux maniĂšres chez Descartes d’une part dans l’ordre du connu, d’autre part dans l’ordre du causĂ©. Dans le premier de ces deux ordres, il n’y a, en droit, pas de place pour l’inconscient, car il est alors d’une nĂ©gation de la pensĂ©e. Cela n’implique pas qu’il doive ĂȘtre Ă©cartĂ© du second. La preuve de la prĂ©sence de quelque chose d’inconscient dans notre pensĂ©e est ce rĂŽle pour ainsi dire causal que nous pouvons lui attribuer dans l’étude de nos pensĂ©es ou de notre cogitation oĂč l’attention que nous n’y prĂȘtions pas n’était qu’une privation. La difficultĂ© consiste cependant en ce qu’il s’agit lĂ  d’introduire quelque chose de l’ordre des causes dans l’ordre que l’on considĂšre habituellement ĂȘtre celui de la connaissance immĂ©diate. Mais, si j’ai une connaissance immĂ©diate en moi de pensĂ©es ou de raisonnements dont je ne peux pas rendre compte par autre chose c’est-Ă -dire par une autre cause que cet inconscient considĂ©rĂ© comme processus intellectuel implicite, et si, par ailleurs, une fois qu’il se dĂ©voile, c’est-Ă -dire une fois que je le prends en considĂ©ration, ce processus m’apparaĂźt de maniĂšre explicite comme ce qui a pour ainsi dire dĂ» causer ma pensĂ©e, alors j’ai la preuve qu’il peut y avoir un inconscient qui opĂšre en moi. Mais comment ĂȘtre sĂ»r que ce qui est dĂ©terminĂ© comme le ressort inconscient d’une pensĂ©e passĂ©e est bien cela mĂȘme qui l’aura causĂ©e ? Et comment lever la difficultĂ© qui consiste Ă  dĂ©terminer si la chose pensante dans l’ordre de la prise de conscience de l’esprit par lui-mĂȘme est bien la mĂȘme chose que la pensĂ©e de cet esprit dans l’ordre de la causalitĂ© des choses créées ? Ces deux difficultĂ©s sont liĂ©es. Ce qui se joue dans la dĂ©couverte aprĂšs coup d’un ressort pouvant tenir le rĂŽle d’une cause de la pensĂ©e que j’ai eue jadis est l’appropriation de ce ressort causal. Et, s’il est possible d’en dĂ©cider, je suis le seul hormis Dieu Ă  pouvoir le faire, puisque cela se joue parmi les choses qui me sont immĂ©diatement connues, c’est-Ă -dire mes propres pensĂ©es. Si je peux me dire, d’une part, que je suis le mĂȘme que celui que j’ai Ă©tĂ© autrefois et, d’autre part, que ma croyance en telle chose doit avoir Ă©tĂ© impliquĂ©e par celle de telle autre chose que je savais ou croyais et qui doit l’engendrer comme une cause, alors il n’y a aucune raison pour que je refuse d’assumer certaines pensĂ©es implicites qui auront soutenu mes rĂ©flexions explicites. Si je sais que pour penser il faut ĂȘtre, pourquoi alors me refuserais-je une pensĂ©e implicite du genre Tout ce qui pense est », quand bien mĂȘme je me souviendrais que je n’avais pas eu besoin d’y penser explicitement au moment oĂč, pour la premiĂšre fois, j’ai pensĂ© que j’existais ? B/ La critique du Cogito cartĂ©sien par Nicolas Malebranche Descartes fait de la pensĂ©e le fondement de l’ĂȘtre c’est ce qu’on appelle Ă  juste titre l’idĂ©alisme cartĂ©sien. Cogito, ergo sum » nous dit Le Discours de la mĂ©thode. Descartes fait remarquer que c’est la mineure d’un syllogisme. Pour Malebranche la majeure est Le nĂ©ant n’a point de propriĂ©tĂ©13 » Il faut que mes pensĂ©es soient propriĂ©tĂ© de quelque chose puisqu’elles ne sont pas rien. Ma pensĂ©e, quelle soit vraie ou fausse n’est pas rien. Pas besoin de passer par le doute pour savoir que j’existe. Il suffit de penser. Ma pensĂ©e me fait connaĂźtre que j’existe, mais ne me fait pas connaĂźtre qui je suis. Mon essence ou ma quidditĂ© Ă©chappe Ă  ma pensĂ©e. Dans sa polĂ©mique avec Arnauld, il prĂ©cise que nous ne pouvons pas nous saisir nous-mĂȘmes. Le fond de l’ñme est obscur. Il rejette la thĂšse cartĂ©sienne que l’esprit est plus aisĂ© Ă  connaĂźtre que le corps. Les idĂ©es ne sont pas des modifications de l’ñme chez Malebranche elles n’ont pas de rĂ©alitĂ© formelle. En revanche elles ont une rĂ©alitĂ© objective puisque ce sont des reprĂ©sentations, mais en tant que reprĂ©sentations elles enveloppent de la nĂ©gation. Ma main renferme une infinitĂ© de nĂ©ants ». Par consĂ©quent l’idĂ©e ne peut exister par soi. Elle renvoie Ă  un fond d’ĂȘtre intelligible Dieu. Il est saisi directement dans sa prĂ©sence ineffable. LĂ  encore Malebranche rejette l’idĂ©e cartĂ©sienne de l’idĂ©e de parfait en nous. Il n’y a pas d’idĂ©e de Dieu Dieu est au-delĂ  de toute reprĂ©sentation. C/ Les petites perceptions de Leibnitz texte D’ailleurs il y a des marques qui nous font juger qu’il y a Ă  tout moment une infinitĂ© de perceptions en nous, mais sans aperception et rĂ©flexion, c’est-Ă -dire des changements dans l’ñme mĂȘme dont nous ne nous apercevons pas, parce que ces impressions sont ou trop petites et en trop grand nombre, ou trop unies, en sorte qu’elles n’ont rien d’assez distinguant Ă  part, mais, jointes Ă  d’autres, elles ne laissent pas de faire leur effet et de se faire sentir au moins confusĂ©ment dans l’assemblage. C’est ainsi que la coutume fait que nous ne prenons pas garde au mouvement d’un moulin ou Ă  une chute d’eau, quand nous avons habitĂ© tout auprĂšs depuis quelque temps. Ce n’est pas que ce mouvement ne frappe toujours nos organes, et qu’il ne se passe encore quelque chose dans l’ñme qui y rĂ©ponde, Ă  cause de l’harmonie de l’ñme et du corps; mais les impressions qui sont dans l’ñme et le corps, destituĂ©es des attraits de la nouveautĂ©, ne sont pas assez fortes pour s’attirer notre attention et notre mĂ©moire, qui ne s’attache qu’à des objets plus occupants14. Toute attention demande de la mĂ©moire, et quand nous ne sommes point avertis pour ainsi dire de prendre garde Ă  quelques unes de nos perceptions prĂ©sentes, nous les laissons passer sans rĂ©flexion et mĂȘme sans les remarquer. Mais si quelqu’un nous en avertit 
 et nous fait remarquer par exemple quelque bruit qu’on vient d’entendre, nous nous en souvenons et nous nous apercevons d’en avoir eu tantĂŽt quelque sentiment. Ainsi, c’étaient des perceptions dont nous ne nous Ă©tions pas aperçus incontinent15, l’aperception ne venant dans ce cas d’avertissement qu’aprĂšs quelque intervalle, pour petit qu’il soit. Et pour juger encore mieux des petites perceptions que nous ne saurions distinguer dans la foule, j’ai coutume de me servir de l’exemple du 
 bruit de la mer dont on est frappĂ© quand on est au rivage. Pour entendre ce bruit comme l’on fait, il faut bien qu’on entende les parties qui composent ce tout, id est, le bruit de chaque vague, quoique chacun de ces petits bruits ne se fasse connaĂźtre que dans l’assemblage confus de tous les autres ensemble, et qu’il ne se remarquerait pas si cette vague qui le faisait Ă©tait seule. Car il faut qu’on soit affectĂ© un peu par le mouvement de cette vague et qu’on ait quelque perception de chacun de ces bruits, quelque petits qu’ils soient; autrement on n’aurait pas celle de cent mille vagues, puisque cent mille riens ne sauraient faire quelque chose. 
 Ces petites perceptions sont donc de plus grande efficace qu’on ne pense. Ce sont elles qui forment ce je ne sais quoi, ces goĂ»ts, ces images des qualitĂ©s des sens, claires dans l’assemblage, mais confuses dans les parties, ces impressions que les corps environnants font sur nous
 » Leibniz, Nouveaux Essais sur l’entendement humain, PrĂ©face, GF, Commentaire ce texte de Leibnitz vise indirectement Descartes. En fait, il critique la critique lockĂ©enne des idĂ©es innĂ©es, critique que Locke mĂšne dans le livre I de l’Essai concernant l’entendement humain. C’est Locke qui nie la possibilitĂ© qu’il puisse exister quelque chose dans l’esprit sans que cet esprit en soi conscient. De sorte que soutenir, qu’une chose est dans l’Entendement, & qu’elle n’est pas conçue par l’Entendement, qu’elle est dans l’Esprit sans que l’Esprit l’aperçoive, c’est autant que si l’on disait, qu’une chose est & n’est pas dans l’Esprit ou dans l’Entendement. » Locke identifie donc l’ñme ou l’esprit avec la conscience. Toutes les critiques que l’on porte contre Descartes concernant l’inconscient sont donc injustifiĂ©es. La thĂ©orie des petites perceptions de Leibnitz sera reprise par Maine de Biran pour expliquer le sommeil et le somnambulisme. Le sommeil est la suspension de l’effort et des facultĂ©s volontaires » qui permet de laisser Ă  l’Ɠuvre la facultĂ© de sentir ou de recevoir des impressions et d’en ĂȘtre affectĂ© ». Il distingue les impressions obscures qui n’accĂšdent jamais Ă  la reprĂ©sentation proprement dite des perceptions complĂštes qui exigent l’activitĂ© du moi pour ĂȘtre reprĂ©sentĂ©es. Il suggĂšre que dans l’état somnambulique, les impressions obscures, une multitude d’impressions nulles ou sans effet dans l’état ordinaire, devenues sensibles alors, pourraient servir de signes ou de moyens de communication du magnĂ©tiseur au magnĂ©tisĂ© ». C/ Les reprĂ©sentations inconscientes de Kant texte Avoir des reprĂ©sentations et cependant n’en ĂȘtre pas conscient, cela semble contenir une contradiction. Car comment pouvons-nous savoir que nous les avons si nous n’en sommes pas conscients ? Cette objection, Locke la faisait dĂ©jĂ  qui, pour cette raison, rĂ©cusait l’existence mĂȘme d’une telle sorte de reprĂ©sentations. Simplement, nous pouvons pourtant possĂ©der une conscience mĂ©diate d’une reprĂ©sentation, sans que nous en soyons immĂ©diatement conscients. De semblables reprĂ©sentations sont appelĂ©es obscures ; les autres sont claires, et si leur clartĂ© s’étend aussi aux reprĂ©sentations partielles d’un tout auquel elles appartiennent et Ă  la maniĂšre dont elles s’y associent, il s’agit de reprĂ©sentations distinctes, qu’elles relĂšvent de la pensĂ©e ou de l’intuition. Quand je suis conscient de voir un homme loin de moi dans une prairie, bien que je ne sois pas conscient de voir ses yeux, son nez, sa bouche, etc., je me borne Ă  vrai dire Ă  conclure que cette chose est un homme ; car si, parce que je ne suis pas conscient de percevoir ces parties de sa tĂȘte et pas davantage les autres Ă©lĂ©ments constitutifs de cet homme, j’entendais affirmer que je n’ai aucunement, dans mon intuition, la reprĂ©sentation de ces composantes, dans ce cas je ne pourrais mĂȘme pas dire que je vois un homme ; c’est en effet de ces reprĂ©sentations partielles que se trouve composĂ© le tout qu’il s’agisse de la tĂȘte ou de l’homme. Que le champ de nos intuitions sensibles et de nos sensations dont nous ne sommes pas conscients, quand bien mĂȘme nous pouvons conclure sans le moindre doute que nous les avons, autrement dit le champ des reprĂ©sentations obscures, soit immense en l’homme et qu’il le soit aussi chez les animaux ; qu’en revanche les reprĂ©sentations claires ne contiennent que des points infiniment peu nombreux accessibles Ă  la conscience ; qu’en quelque sorte, sur la grande carte de notre esprit, seules quelques rĂ©gions soient illuminĂ©es [
]. II nous arrive souvent, en effet, de jouer avec des reprĂ©sentations obscures et d’avoir intĂ©rĂȘt Ă  dissimuler Ă  notre imagination des objets que nous aimons ou que nous n’aimons pas ; mais plus souvent encore nous sommes le jouet de nos reprĂ©sentations obscures, et notre entendement n’est pas capable de se prĂ©server des absurditĂ©s dans lesquelles le conduit leur influence, quand bien mĂȘme il les reconnaĂźt comme relevant de l’illusion. Ainsi en est-il de l’amour sexuel, dans la mesure oĂč ce qu’il vise vĂ©ritablement, c’est non pas de faire le bien de son objet, mais bien plutĂŽt d’en tirer jouissance. Combien de subterfuges n’a-t-il pas fallu, depuis toujours, avoir l’esprit d’inventer et de dĂ©ployer pour jeter un mince voile sur ce que, certes, l’on goĂ»te fort, mais qui laisse cependant apercevoir entre l’homme et le genre animal dans ce qu’il a de plus commun une proximitĂ© si grande qu’elle appelle en ce domaine la pudeur et que ce qu’on exprime Ă  cet Ă©gard ne peut, dans une sociĂ©tĂ© raffinĂ©e, s’affirmer crĂ»ment, mĂȘme si l’on s’accorde assez de transparence pour susciter un sourire. L’imagination se plaĂźt ici Ă  vagabonder dans l’obscuritĂ©, et en tout cas il y faut un art peu commun si, pour Ă©viter le cynisme, l’on ne veut pas courir le risque de tomber dans le purisme ridicule. D’autre part, nous sommes aussi, assez souvent, le jouet de reprĂ©sentations obscures qui ne veulent pas disparaĂźtre, mĂȘme quand l’entendement les Ă©claire. Commander sa tombe dans son jardin ou Ă  l’ombre d’un arbre, dans les champs ou dans un endroit oĂč le sol est sec, c’est souvent une affaire importante pour un mourant, alors mĂȘme que, dans le premier cas, il n’a nulle raison d’espĂ©rer disposer d’une belle vue, pas plus qu’il n’en a, dans le second, de redouter que l’humiditĂ© le fasse s’enrhumer16. » Leibnitz et Kant ont donc prĂ©parĂ© la pensĂ©e allemande Ă  l’existence d’un psychisme inconscient, Ă  la diffĂ©rence de la pensĂ©e française pour qui l’inconscient relĂšve de la mĂ©canique corporelle et non de l’esprit. On retrouvera l’affirmation de l’existence d’un inconscient psychique chez Schopenhauer. D/ Schopenhauer et l’inconscient. La pensĂ©e de Schopenhauer est un systĂšme de mĂ©taphysique. Le monde est dirigĂ© par la VolontĂ© du vouloir vivre, force aveugle qui anime toutes choses. Cette volontĂ©, il l’identifie Ă  la chose en soi kantienne. La volontĂ©, comme chose en soi, constitue l’essence intime, vraie et indestructible de l’homme ; mais en elle-mĂȘme elle est sans conscience. Car la conscience est dĂ©terminĂ©e par l’intellect qui n’est qu’un simple accident de notre essence l’intellect est en effet une simple fonction du cerveau, et celui-ci avec les nerfs ambiants et la moelle Ă©piniĂšre n’est qu’un fruit, qu’un produit, je dirai mĂȘme un parasite du reste de l’organisme, puisqu’il ne s’engrĂšne pas directement dans les rouages intimes de cet organisme et ne sert Ă  la conservation du moi que parce qu’il est rĂšgle les rapports avec le monde extĂ©rieur17. » Le rĂŽle que Schopenhauer dĂ©volue Ă  l’intellect, Freud le dĂ©volue Ă  la conscience. L’inconscient freudien semble ĂȘtre la mĂȘme chose que la VolontĂ© de Schopenhauer et par consĂ©quent que la chose en soi de Kant. Freud reconnaĂźt d’ailleurs en Schopenhauer un devancier d’éminents philosophes peuvent ĂȘtre citĂ©s pour ses devanciers de la psychanalyse, avant tout autre le grand penseur Schopenhauer, dont la volontĂ© inconsciente Ă©quivaut aux instincts psychiques de la psychanalyse. C’est ce mĂȘme penseur, d’ailleurs, qui, en des paroles d’une inoubliable vigueur, a rappelĂ© aux hommes l’importance toujours sous-estimĂ©e de leurs aspirations sexuelles18. » DeuxiĂšme partie Les bases de la thĂ©orie freudienne Introduction La rĂ©volution freudienne. Pour comprendre en quoi les travaux de Freud constituent une rĂ©volution dans la comprĂ©hension de l’homme, il faut reconstituer le contexte de ses dĂ©couvertes, en faisant briĂšvement une histoire de la notion de maladie mentale. Chez les peuples primitifs, la maladie en gĂ©nĂ©ral est pensĂ©e comme possession du corps par un agent extĂ©rieur, un esprit impur. Pour guĂ©rir, il faut exorciser l’esprit impur, c’est-Ă -dire le faire quitter le corps par une cĂ©rĂ©monie religieuse. La maladie est pensĂ©e comme punition d’une faute commise par le malade c’est conception de la maladie prĂ©vaut encore de nos jours chez certains groupes religieux Ă  propos du SIDA. A cette conception religieuse de la maladie, s’oppose la conception hippocratique. Hippocrate vĂ©cut en GrĂšce au Ve siĂšcle avant A propos de l’épilepsie, il Ă©crivit elle n’est ni divine, ni sacrĂ©e ; elle a une cause naturelle comme les autres maladies. » Les philosophes grecs inventĂšrent l’idĂ©e de nature comme cause de ce qui existe. Est naturel ce qui porte en soi l’idĂ©e de changement ou de mouvement. Naturel s’oppose Ă  artificiel, ce qui est créé par l’homme. En grec, phusis contre technĂ©. Chez Hippocrate, ce sont les dĂ©rĂšglements des humeurs qui expliquent la maladie. La santĂ© est donc un Ă©quilibre qu’il faut maintenir par un rĂ©gime alimentaire appropriĂ© et des exercices physiques. Au XVIIIe siĂšcle en Europe, Ă  cause de la dĂ©couverte du microscope, la conception hippocratique des maladies se trouve fortifiĂ©e elles sont causĂ©es par des agents infectieux invisibles Ă  l’Ɠil nu. Au dĂ©part, c’était une simple hypothĂšse qui fut dĂ©finitivement prouvĂ©e par les travaux de Pasteur, au milieu du XIXe siĂšcle. Mais cette conception n’explique pas les troubles mentaux, comme les dĂ©lires, les manies, qui sont considĂ©rĂ©s comme des troubles de la raison, donc comme des troubles moraux. Cette conception de la maladie mentale n’a pas disparu, mĂȘme avec la rĂ©volution freudienne. En effet les freudiens considĂšrent la maladie mentale comme une faillite du surmoi. Ce dernier n’a pu se mettre en place faute de l’impossibilitĂ© de liquider le complexe d’ƒdipe. Cependant ce que Freud apporte Ă  l’anthropologie, c’est une nouvelle conception de l’homme qui destitue le moi de sa prĂ©tention Ă  gouverner l’esprit humain. La thĂšse de Freud concernant l’inconscient est radicale L’inconscient est le psychique lui-mĂȘme et son essentielle rĂ©alitĂ©. Sa nature intime nous est aussi inconnue que la rĂ©alitĂ© du monde extĂ©rieur, et la conscience nous renseigne sur lui d’une maniĂšre aussi incomplĂšte que nos organes des sens sur le monde extĂ©rieur. » L’interprĂ©tation des rĂȘves Freud n’identifie plus le psychisme avec la conscience. La conscience devient un Ă©piphĂ©nomĂšne. Nietzsche avant Freud nous avait prĂ©parĂ© Ă  cette dĂ©valorisation de la conscience. A/ L’hypothĂšse de l’inconscient est nĂ©cessaire. Pour Freud, l’hypothĂšse de l’inconscient est lĂ©gitime et nĂ©cessaire. Il montre d’abord la nĂ©cessitĂ© de ce concept qui sert Ă  expliquer les lacunes de notre conscience. Celles-ci se manifestent Ă  la fois chez le bien portant et chez le malade. Chez le malade, cela produit des symptĂŽmes nĂ©vrotiques tels que les troubles obsessionnels compulsifs TOC en abrĂ©gĂ©. Il faut bien expliquer l’origine de ces troubles sans recourir Ă  la croyance en la possession dĂ©moniaque comme au XVIIe siĂšcle. La dĂ©marche freudienne se veut scientifique. Freud est un mĂ©decin positiviste. Mais pour Freud, ce n’est pas seulement l’existence des maladies nerveuses qui rendent nĂ©cessaire l’hypothĂšse de l’inconscient, c’est aussi l’activitĂ© pensante de l’homme normal qui ignore d’oĂč lui viennent ses idĂ©es. Chez le bien portant, l’origine des idĂ©es est aussi inconsciente. B/ L’hypothĂšse de l’inconscient est lĂ©gitime. La nĂ©cessitĂ© de l’hypothĂšse fonde sa lĂ©gitimitĂ©. Pour Freud, l’hypothĂšse se justifie dans le gain de sens pour des phĂ©nomĂšnes qui autrement seraient incomprĂ©hensibles. Ou incohĂ©rents, l’incohĂ©rence Ă©tant la caractĂ©ristique d’une conduite illogique qui n’obĂ©it pas au principe de non-contradiction. Freud justifie aussi la lĂ©gitimitĂ© de l’hypothĂšse par le succĂšs thĂ©rapeutique. Or c’est lĂ  une grossiĂšre erreur mĂ©thodologique, car la rĂ©ussite ne peut fonder la vĂ©ritĂ© d’une hypothĂšse scientifique, comme le montre le cas du systĂšme de PtolĂ©mĂ©e en astronomie. Freud adhĂšre sans critique Ă  la conception pragmatique de la vĂ©ritĂ© dĂ©fendue par W. James. C/ AbrĂ©gĂ© de thĂ©orie freudienne. Freud a proposĂ© deux descriptions de l’appareil psychique. Ces descriptions sont appelĂ©es des topiques, du grec topos, qui signifie lieu. Dans L’AbrĂ©gĂ©, il dĂ©crit les diffĂ©rentes instances qui constituent la seconde topique – le Ça Nous donnons Ă  la plus ancienne de ces provinces ou instances psychiques le nom de ça ; son contenu comprend tout ce que l’ĂȘtre apporte en naissant, tout ce qui a Ă©tĂ© constitutionnellement dĂ©terminĂ©, donc avant tout les pulsions Ă©manĂ©es de l’organisation somatique et qui trouvent dans le ça, sous des formes qui nous restent inconnues, un premier mode d’expression psychique19. Sous l’influence du monde extĂ©rieur rĂ©el qui nous environne, une fraction du ça subit une Ă©volution particuliĂšre. Se diffĂ©renciant Ă  l’origine comme une couche corticale pourvue d’organes rĂ©cepteurs d’excitations et de dispositifs pare- excitations20, une organisation spĂ©ciale s’établit qui, des lors, va servir d’intermĂ©diaire entre le ça et l’extĂ©rieur. C’est Ă  ce secteur de notre psychisme que nous donnons le nom de moi. CaractĂšres principaux du moi. – Par suite des relations prĂ©-Ă©tablies entre la perception sensorielle et l’action musculaire, le moi dispose du contrĂŽle des mouvements volontaires. Il assure l’auto-affirmation et, pour ce qui concerne l’extĂ©rieur, remplit sa tĂąche en apprenant Ă  connaitre les excitations, en accumulant dans la mĂ©moire les expĂ©riences qu’elles lui fournissent, en Ă©vitant les excitations trop fortes par la fuite, en s’accommodant des excitations modĂ©rĂ©es par l’adaptation, enfin en arrivant Ă  modifier, de façon appropriĂ©e et a son avantage, le monde extĂ©rieur activitĂ©. Au-dedans, il mĂšne une action contre le ça en acquĂ©rant la maĂźtrise des exigences pulsionnelles et en dĂ©cidant si celles-ci peuvent ĂȘtre satisfaites ou s’il convient de diffĂ©rer leur satisfaction jusqu’à un moment plus favorable ou encore s’il faut les Ă©touffer tout Ă  fait. Dans son activitĂ© le moi est guidĂ© par la prise en considĂ©ration des tensions provoquĂ©es par les excitations du dedans ou du dehors. Un accroissement de tension provoque gĂ©nĂ©ralement du dĂ©plaisir, sa diminution engendre du plaisir. Toutefois le dĂ©plaisir ou le plaisir ne dĂ©pendent probablement pas du degrĂ© absolu des tensions mais plutĂŽt du rythme des variations de ces derniĂšres. Le moi tend vers le plaisir et cherche Ă  Ă©viter le dĂ©plaisir. A toute augmentation attendue, prĂ©vue, de dĂ©plaisir rĂ©pond un signal d’angoisse et ce qui dĂ©clenche ce signal, du dehors ou du dedans, s’appelle danger. De temps en temps, le moi, brisant les liens qui 1’unissent au monde extĂ©rieur, se retire dans le sommeil ou il modifie profondĂ©ment son organisation. L’état de sommeil permet de constater que ce mode d’organisation consiste en une certaine rĂ©partition particuliĂšre de l’énergie psychique. Comme par une sorte de prĂ©cipitĂ© de la longue pĂ©riode d’enfance qu’il traverse et pendant laquelle il dĂ©pend de ses parents, l’individu en cours d’évolution voit se former dans son moi une instance particuliĂšre par laquelle se prolonge l’influence parentale. Cette instance, c’est le surmoi. Dans la mesure oĂč le surmoi se dĂ©tache du moi ou s’oppose a lui, il constitue une troisiĂšme puissance dont le moi est obligĂ© de tenir compte. Est considĂ©rĂ© comme correct tout comportement du moi qui satisfait Ă  la fois les exigences du ça, du surmoi et de la rĂ©alitĂ©, ce qui se produit quand le moi rĂ©ussit Ă  concilier ces diverses exigences. Toujours et partout, les particularitĂ©s des relations entre moi et surmoi deviennent comprĂ©hensibles si on les ramĂšne aux relations de l’enfant avec ses parents. Ce n’est Ă©videmment pas la seule personnalitĂ© des parents qui agit sur l’enfant, mais transmises par eux, l’influence des traditions familiales, raciales et nationales, ainsi que les exigences du milieu social immĂ©diat qu’ils reprĂ©sentent. Le surmoi d’un sujet, au cours de son Ă©volution, se modĂšle aussi sur les successeurs et sur les substituts des parents, par exemple sur certains Ă©ducateurs, certains personnages qui reprĂ©sentent au sein de la sociĂ©tĂ© des idĂ©aux respectĂ©s. On voit qu’en dĂ©pit de leur diffĂ©rence fonciĂšre, le ça et le surmoi ont un point commun, tous deux, en effet, reprĂ©sentant le rĂŽle du passĂ©, le ça, celui de l’hĂ©rĂ©ditĂ©, le surmoi, celui de la tradition, tandis que le moi, lui, est surtout dĂ©terminĂ© par ce qu’il a lui-mĂȘme vĂ©cu, c’est-a-dire par l’accidentel et l’actuel. Ce schĂ©ma gĂ©nĂ©ral d’un appareil psychique est valable aussi pour les animaux supĂ©rieurs qui ont avec l’homme une ressemblance psychique. Il convient d’admettre l’existence d’un surmoi partout ou, comme chez l’homme, l’ĂȘtre a dĂ» subir, dans son enfance, une assez longue dĂ©pendance. La distinction du moi d’avec le ça est un fait indĂ©niable. La psychologie animale ne s’est point encore appliquĂ©e Ă  l’intĂ©ressante Ă©tude qui lui reste ici offerte. » TroisiĂšme partie examen critique des critiques des thĂšses freudiennes. A/ Alain le freudisme est une nouvelle mythologie. C’est ainsi qu’Alain – de son vrai nom, Émile Chartier – philosophe cartĂ©sien, qualifie les dĂ©couvertes freudiennes. Selon lui, le freudisme serait l’art d’inventer en chaque homme un animal redoutable, Ă  partir de signes tout Ă  fait ordinaires; tels que les rĂȘves Cf. note sur l’inconscient », in ÉlĂ©ments de philosophie, Éditions Gallimard, collection folio essais Alain veut bien Ă  la rigueur parler d’inconscient, mais Ă  condition qu’on applique le terme au corps. L’inconscient dĂ©signerait alors la mĂ©canique corporelle dont le fonctionnement nous est cachĂ©. Il est clair que le mĂ©canisme Ă©chappe Ă  la conscience et lui fournit des rĂ©sultats par exemple j’ai peur sans aucune notion des causes [
] L’inconscient est un effet de contraste dans la conscience » ibidem Alain compare le corps vivant Ă  une machine cette comparaison du corps vivant Ă  une machine est ancienne, puisqu’elle remonte Ă  Aristote. Dans les temps modernes, elle a Ă©tĂ© reprise par Descartes. C’est un raisonnement par analogie. Le mot mĂ©canisme renvoie Ă  la thĂ©orie cartĂ©sienne des corps le corps est un morceau de l’étendue et il est soumis aux lois gĂ©nĂ©rales du mouvement. Le corps est soumis au dĂ©terminisme de la nature et on peut tout expliquer par le principe de causalitĂ©. La nature humaine, comme union de l’ñme et du corps est inconsciente, mais l’essence de l’esprit, c’est la conscience. Un psychisme inconscient est une contradiction dans les termes, mĂȘme si dans les faits une partie de notre conduite nous Ă©chappe. Ce qui est premier, c’est la conscience et l’inconscient n’est que la nĂ©gation de la conscience, en toute rigueur, l’inconscient c’est l’inconscience. En droit la conscience peut connaĂźtre tout ce qui se passe en elle. Si un individu est anxieux et qu’il ignore la cause de son anxiĂ©tĂ©, alors il va inventer une sorte de monstre mythologique qui le possĂšde. Pour Alain, mythologiser l’inconscient est une faute morale. Le mot faute vient du verbe faillir et signifie chute. C’est une faute contre la raison et sa prĂ©tention Ă  vouloir maĂźtriser l’existence humaine. Alain, Ă©tant rationaliste, pense que la raison a ce pouvoir. Pour Alain, mĂȘme nos rĂȘves sont des expressions de la mĂ©canique corporelle ils n’ont pas plus de sens que le bruissement des feuilles d’un arbre par le vent. Il refuse l’interprĂ©tation des rĂȘves, les clĂ©s des songes et leur symbolisme facile. Il refuse l’interprĂ©tation sexuelle des rĂȘves dĂ©fendue par Freud. Freud est accusĂ© de pansexualisme, notamment par Jung, car pour lui l’unique force qui est Ă  l’Ɠuvre dans l’inconscient est la libido ou pulsion sexuelle. Laisser libre cours Ă  son inconscient, c’est se livrer Ă  une idolĂątrie du corps, c’est considĂ©rer son corps comme une divinitĂ©. Le vocabulaire d’Alain n’est pas seulement moral, mais il est aussi religieux, car l’idolĂątrie n’est plus seulement une faute, mais aussi un pĂ©chĂ©. B/ La mauvaise foi sartrienne Pour Sartre la thĂšse de Freud est incohĂ©rente L’interprĂ©tation psychanalytique conçoit le phĂ©nomĂšne conscient comme la rĂ©alisation symbolique d’un dĂ©sir refoulĂ© par la censure. Notons que pour la conscience ce dĂ©sir n’est pas impliquĂ© dans sa rĂ©alisation symbolique. Pour autant qu’il existe par et dans notre conscience il est uniquement ce pour quoi il se donne Ă©motion, dĂ©sir de sommeil, vol, phobie du laurier, etc. S’il en Ă©tait autrement et si nous avions quelque conscience mĂȘme implicite de notre vĂ©ritable dĂ©sir, nous serions de mauvaise foi et le psychanalyste ne l’entend pas ainsi. Il en rĂ©sulte que la signification de notre comportement conscient est entiĂšrement extĂ©rieure Ă  ce comportement lui-mĂȘme, ou, si l’on prĂ©fĂšre, le signifiĂ© est entiĂšrement coupĂ© du signifiant. Ce comportement du sujet est en lui-mĂȘme ce qu’il est si nous appelons en lui-mĂȘme », ce qu’il est pour soi mais il est possible de le dĂ©chiffrer par des techniques appropriĂ©es, comme on dĂ©chiffre un langage dĂ©crit. En un mot le fait conscient est par rapport au signifiĂ© comme une chose, effet d’un certain Ă©vĂ©nement, est par rapport Ă  cet Ă©vĂ©nement par exemple comme les vestiges d’un feu allumĂ© dans la montagne sont par rapport aux ĂȘtres humains qui ont allumĂ© ce feu. Les prĂ©sences humaines ne sont pas contenues dans les cendres qui demeurent. Elles y sont liĂ©es par un rapport de causalitĂ© le rapport est externe, les vestiges du foyer sont passifs par rapport Ă  cette relation causale comme tout effet par rapport Ă  sa cause. Une conscience qui n’aurait pas acquis les connaissances techniques nĂ©cessaires ne pourrait pas saisir ces vestiges comme signes. En mĂȘme temps ces vestiges sont ce qu’ils sont, c’est-Ă -dire qu’ils existent en soi en dehors de toute interprĂ©tation signifiante ils sont des morceaux de bois Ă  demi calcinĂ©s, voilĂ  tout. Pouvons-nous admettre qu’un fait de conscience puisse ĂȘtre comme une chose par rapport Ă  sa signification, c’est-Ă -dire la recevoir du dehors comme une qualitĂ© extĂ©rieure – comme c’est une qualitĂ© extĂ©rieure pour le bois brĂ»lĂ© d’avoir Ă©tĂ© brĂ»lĂ© par des hommes qui voulaient se rĂ©chauffer ? Il semble que d’abord le premier rĂ©sultat d’une semblable interprĂ©tation est de constituer la conscience en chose par rapport au signifiĂ©, c’est admettre que la conscience se constitue en signification sans ĂȘtre consciente de la signification qu’elle constitue. Il y a lĂ  une contradiction flagrante, Ă  moins que l’on ne considĂšre la conscience comme un existant du mĂȘme type qu’une pierre ou qu’une bĂąche. Mais dans ce cas il faut entiĂšrement renoncer au cogito cartĂ©sien et faire de la conscience un phĂ©nomĂšne secondaire et passif. Pour autant que la conscience se fait, elle n’est jamais rien que ce qu’elle s’apparaĂźt. Si donc elle possĂšde une signification, elle doit la contenir en elle comme structure de conscience. Cela ne veut point dire que cette signification doive ĂȘtre parfaitement explicite. Il y a bien des degrĂ©s possibles de condensation et de clartĂ©. Cela veut dire seulement que nous ne devons pas interroger la conscience du dehors, comme on interroge les vestiges du foyer ou le campement, mais du dedans, qu’on doit chercher en elle la signification. La conscience, si le cogito doit ĂȘtre possible, est elle-mĂȘme, le fait, la signification et le signifiĂ©21. » Sartre rejette l’inconscient freudien au nom de sa thĂ©orie de la libertĂ©. L’homme est pour soi » et non en soi ». Il est l’ĂȘtre par qui les choses sont ce qu’elles sont et rien de plus ; alors que lui, Ă©tant pour soi, n’est rien, n’est rien d’autre que la nĂ©gation de cet en soi. L’homme est donc libertĂ© absolue, inconditionnĂ©e de par son pouvoir de nĂ©gation. Il ne saurait trouver aucune excuse. L’homme qui se rĂ©fugie derriĂšre l’excuse de ses passions est de mauvaise foi ». Sartre remplace donc l’inconscient freudien par la mauvaise foi. Qu’est-ce que c’est ? Laissons le s’expliquer la censure, pour appliquer son activitĂ© avec discernement, doit connaĂźtre ce qu’elle refoule. Si nous renonçons en effet Ă  toutes les mĂ©taphores reprĂ©sentant le refoulement comme un choc de forces aveugles, force est bien d’admettre que la censure doit choisir et, pour choisir, se reprĂ©senter. D’oĂč viendrait, autrement, qu’elle laisse passer les impulsions sexuelles licites, qu’elle tolĂšre que les besoins faim, soif, sommeil s’expriment dans la claire conscience ? Et comment expliquer qu’elle peut relĂącher sa surveillance, qu’elle peut mĂȘme ĂȘtre trompĂ©e par les dĂ©guisements de l’instinct ? Mais il ne suffit pas qu’elle discerne les tendances maudites, il faut encore qu’elle les saisisse comme Ă  refouler, ce qui implique chez elle Ă  tout le moins une reprĂ©sentation de sa propre activitĂ©. En un mot, comment la censure discernerait-elle les impulsions refoulables sans avoir conscience de les discerner ? Peut-on concevoir un savoir qui serait ignorance de soi ? Savoir, c’est savoir qu’on sait, disait Alain. Disons plutĂŽt tout savoir est conscience de savoir. Ainsi les rĂ©sistances du malade impliquent au niveau de la censure une reprĂ©sentation du refoulĂ© entant que tel, une comprĂ©hension du but vers quoi tendent les questions du psychanalyste et un acte de liaison synthĂ©tique [au cours de la cure psychanalytique, le malade mettrait en relation de façon forcĂ©ment consciente selon Sartre les reprĂ©sentations qu’il se fait de ce qu’il a refoulĂ© et l’explication de ce refoulement vers laquelle le psychanalyste tenterait de l’orienter] par lequel elle compare la vĂ©ritĂ© du complexe refoulĂ© Ă  l’hypothĂšse psychanalytique qui le vise. Et ces diffĂ©rentes opĂ©rations Ă  leur tour impliquent que la censure est conscience de soi. Mais de quel type peut ĂȘtre la conscience de soi de la censure ? Il faut qu’elle soit conscience d’ĂȘtre conscience de la tendance Ă  refouler, mais prĂ©cisĂ©ment pour n’en ĂȘtre pas conscience. Qu’est-ce Ă  dire sinon que la censure doit ĂȘtre de mauvaise foi ? La psychanalyse ne nous a rien fait gagner puisque, pour supprimer la mauvaise foi, elle a Ă©tabli entre l’inconscient et la conscience une conscience autonome et de mauvaise foi. C’est que ses efforts pour Ă©tablir une vĂ©ritable dualitĂ© – et mĂȘme une trinitĂ© Es, Ich, Über-Ich s’exprimant par la censure – n’ont abouti qu’à une terminologie verbale22. » La critique de Sartre montre qu’il n’a pas compris Freud ou alors qu’il est lui-mĂȘme de mauvaise foi. En effet pour Freud la censure est inconsciente. Elle ne saurait ĂȘtre consciente. Autrement dit l’homme ne sait pas qu’il rejette ou qu’il refoule une idĂ©e dans son inconscient. Conclusion La thĂ©orie freudienne a Ă©tĂ© attaquĂ©e sous plusieurs angles. Toutes ces attaques visent ou bien Ă  nier la rĂ©alitĂ© de l’inconscient freudien, ou bien Ă  le dĂ©naturer, Ă  la rĂ©duire Ă  la mĂ©canique corporelle.. Qu’est-ce qu’il y a d’insupportable dans la thĂ©orie freudienne pour expliquer ces attaques vĂ©hĂ©mentes ? Pourquoi refuser l’hypothĂšse de l’inconscient psychique ? C’est qu’elle produit une blessure narcissique elle porte atteinte Ă  la prĂ©tention de l’homme Ă  vouloir ĂȘtre le maĂźtre de son existence. Elle porte atteinte Ă  la souverainetĂ© humaine. L’homme moderne, europĂ©en, se pense le sommet de la crĂ©ation; de mĂȘme qu’il croyait que la Terre Ă©tait au centre de l’univers. L’hypothĂšse de l’inconscient dĂ©centre l’homme et le rend Ă©tranger Ă  lui-mĂȘme. Il dĂ©couvre en lui des forces Ă©trangĂšres, occultes. Il devient Ă©tranger Ă  ses propres yeux, ce qui ne manque pas de l’inquiĂ©ter durablement. L’ĂȘtre humain prĂ©fĂšre alors ne pas savoir. Une des derniĂšres tentatives pour rĂ©duire l’inconscient psychique Ă  du connu est de faire appel aux neurosciences. Mais les neurosciences vont confirmer l’existence de l’inconscient freudien. C/ Freud et les neurosciences Les neurosciences visent un double objectif. Parvenir, grĂące Ă  de nouvelles techniques d’imagerie cĂ©rĂ©brale IRMf et TEP Ă  comprendre le fonctionnement du cerveau en temps rĂ©el ; et proposer de nouveaux traitements pour les maladies mentales qui ne seront plus que des dĂ©rĂšglement de la mĂ©canique cĂ©rĂ©brale. C’est toutefois mĂ©connaĂźtre la dimension sociale de la maladie mentale. La remise en question contemporaine de l’inconscient freudien par les neurosciences vise Ă  soigner les troubles mentaux de maniĂšre plus efficace que la psychothĂ©rapie traditionnelle, mais certains, dans leur fantasmes dĂ©lirants voient dans les neurosciences une tentative dĂ©miurgique de crĂ©er un homme nouveau qui serait une machine biologique programmable Ă  volontĂ©. ReconnaĂźtre ou non l’existence de l’inconscient reprĂ©sente un enjeu de sociĂ©tĂ©. Avec les neurosciences, on espĂšre manipuler l’esprit et la volontĂ©. On veut donc porter atteinte Ă  la libertĂ© fondamentale du sujet humain, Ă  sa crĂ©ativitĂ©. Cf. l’article suivant de wikipedia. L’inconscient constitue donc un refuge de la libertĂ© celle-ci se manifeste dans la crĂ©ation artistique visuelle ou musicale. Ce n’est pas hasard que la psychanalyse est interdite de pratique ou d’enseignement dans les Ă©tats autoritaires comme la Chine. Par son symptĂŽme, l’individu rĂ©siste Ă  l’ordre totalitaire, d’oĂč la difficultĂ© des psychothĂ©rapies. L’homme moderne trouve dans son inconscient la force nĂ©cessaire pour rĂ©sister aux exigences de la sociĂ©tĂ© de consommation.. Or, il n’y a pas d’autre limite Ă  la consommation que la mort. L’homme ne peut se satisfaire d’une vie purement hĂ©doniste le bonheur ennuie. Conclusion gĂ©nĂ©rale La notion d’inconscient psychique est un enjeu considĂ©rable dans ce siĂšcle. Cet enjeu, nous pouvons nous le reprĂ©senter sous forme d’une alternative ou l’inconscient existe et l’homme reste humain, mĂȘme dans les pire crimes; ou bien l’inconscient n’existe pas et l’homme devient une machine biologique programmable. 1RenĂ© Descartes, ƒuvres philosophiques, Ă©d F. AlquiĂ©, 3 vol., Paris, Garnier, Classiques Garnier », 1963-1973, rééd. 1997-1999 dĂ©sormais FA, II, p. 586. 2Descartes selon l’ordre des raisons, t. I, sq et 94-103. 3AT VII 246 4À Arnauld, 29 juillet 1648 5AlquiĂ©, op. Cit. p. 652 et AT VII 214-15-22=IX-1, 166-167 6Lettre Ă  Chanut, 6 juin 1647, Ă©dition citĂ©e, p. 1277 Beyssade, La philosophie premiĂšre de Descartes, Paris, Flammarion, 1979, p. 222. Marion, Sur le prisme mĂ©taphysique de Descartes,op. cit., citations p. 100-101. 10A. Goffart, Revue nĂ©o-scolastique, 7e annĂ©e, n°26, 1900, pp. 153-172 11Descartes, Lettre Ă  Élisabeth, 6 octobre1645, La Pléïade, p. 1212. 12Lettre Ă  Chanut, 6 juin 1647, La Pléïade, p. 1277. 13Entretiens mĂ©taphysiques, I, 1. 14IntĂ©ressants, captivants 15aussitĂŽt 16Anthropologie du point de vue pragmatique, § 5 1798 17Le monde comme volontĂ© et comme reprĂ©sentation, SupplĂ©ment au chapitre 19 du livre II 18 Une difficultĂ© de la psychanalyse 1917 19 Cette partie la plus ancienne de l’appareil psychique reste, tout au long de la vie, la plus importante. C’est par son Ă©tude qu’a commence la recherche psychanalytique. 21Esquisse d’une thĂ©orie des Ă©motions 1939 22L’Être et le NĂ©ant 1943 Culture gUrban scientistLes Ă©tirements matinaux que vous faites sans vous en rendre compte en vous levant ne sont pas anodins. Ils rĂ©pondent Ă  un besoin prĂ©cis de votre corps
 et de votre tĂȘte. Tous les matins, c’est pareil avant mĂȘme d’aller faire votre pipi matinal, vous vous Ă©tirez et baillez. Une sorte de rituel inconscient, en somme. Mais si vous vous mettiez dans la tĂȘte, un beau jour, de rĂ©sister Ă  l’appel de l’étirement et du bĂąillement, vous risqueriez de passer une bien mauvaise journĂ©e. En admettant bien sĂ»r que vous rĂ©ussissiez Ă  ne pas bailler en pensant Ă  ne pas bailler vous voyez ce que je veux dire vous ĂȘtes en train de bailler, n'est-ce pas. Mais pourquoi ? Disons que pour bien se rĂ©veiller, votre corps a besoin de passer par quelques Ă©tapes. La pandiculation pour un rĂ©veil physiqueLe terme scientifique de ces Ă©tirements gĂ©nĂ©ralisĂ©s des muscles, souvent accompagnĂ©s de bĂąillements, est pandiculation ». Ce phĂ©nomĂšne concerne presque tous les vertĂ©brĂ©s il permet de relancer la machine » au rĂ©veil aprĂšs une immobilisation prolongĂ©e. En effet, pendant le sommeil, nos muscles et nos organes se relĂąchent pour permettre Ă  notre corps de se rĂ©gĂ©nĂ©rer. Ce qui explique la raideur des membres au rĂ©veil, et le besoin quasi-inconscient que l’on ressent de s’étirer. On rĂ©active alors les muscles, accĂ©lĂšre la circulation sanguine et dĂ©barrasse notre liquide cĂ©phalo-rachidien des substances propres au sommeil en baillant. Bref, on se rĂ©veille. L’intĂ©roception pour reprendre conscience de la rĂ©alitĂ© Mais ce n’est pas tout. L’acte d’étirer tout en corps en baillant permet Ă©galement d'en reprendre conscience en stimulant l’intĂ©roception. C’est-Ă -dire la perception que nous avons de notre corps et de notre petite personne. Il faut dire qu’en contractant ainsi nos muscles, on active notre cortex insulaire une zone de notre cerveau susceptible d’intervenir sur la conscience. Donc chaque matin, que vous le vouliez ou non, vous prenez le temps d’écouter votre corps pour vous dĂ©barrasser des derniers vestiges du sommeil, et remettre un pied dans la rĂ©alitĂ© en secouant un peu votre systĂšme nerveux. Et ça fait du bien, alors pourquoi se priver ? Carte mentaleÉlargissez votre recherche dans UniversalisL'ĂȘtre conscient et son inconscientFreud n'a pas dĂ©couvert le psychisme inconscient, en ce sens que tous les hommes de tous les temps savaient que quelque chose » leur corps, ses besoins et ses souvenirs n'accĂšde pas Ă  la qualitĂ© prĂ©dicative d'ĂȘtre conscient, c'est-Ă -dire reste rĂ©fractaire Ă  la libre disposition du sujet. Par contre, en observant qu'Ă  l'intĂ©rieur de chacun il y a quelque chose qui se trouve sĂ©questrĂ© par l'effet du refoulement, Freud a bien dĂ©couvert l'inconscient substantif. L'inconscient freudien, celui dont depuis bientĂŽt cent ans les hommes ont appris Ă  discuter, sinon Ă  le connaĂźtre ou Ă  le reconnaĂźtre comme Ă©tant le produit d'une interdiction censure, cet inconscient est pour ainsi dire deux fois inconscient d'abord parce qu'il est refusĂ© ou rĂ©cusĂ© par la conscience, et ensuite parce que l'ĂȘtre conscient est lui-mĂȘme inconscient de cette dĂ©nĂ©gation. Disons donc que depuis Freud l'inconscient reprĂ©sente bien autre chose que ce qu'en entendaient Leibniz ou, plus prĂšs de nous et peu avant Freud, Eduard von de la thĂšse freudienneLa thĂšse freudienne tient l'inconscient pour une zone entiĂšrement autonome, un systĂšme hermĂ©tique de dĂ©termination. La sphĂšre de l'inconscient est, dans la thĂ©orie psychanalytique, incommensurablement plus importante que ne l'est celle de la conscience. Elle est rĂ©gie, comme le sont les premiers stades du dĂ©veloppement infantile, par le principe de plaisir, c'est-Ă -dire par l'exigence de satisfaction des pulsions Trieben. Les forces de l'inconscient sont ces pulsions mĂȘmes charges tendant Ă  se dĂ©charger, pulsions qui ne sont jamais brutes comme des instincts, mais figurĂ©es par leurs reprĂ©sentants » psychiques fantasmes, complexes, c'est-Ă -dire Ă©laborĂ©es. Cette Ă©laboration, ce travail de l'inconscient processus primaire » a ses lois propres. Les caractĂ©ristiques dominantes en sont l'intemporalitĂ©, l'absence de nĂ©gation ou de degrĂ©s de certitude, l'indiffĂ©rence enfin au principe de contradiction. La pensĂ©e du rĂȘve en fournit l'exemple le plus Ă©vident, en nous montrant et dĂ©montrant que l'inconscient ne peut affleurer Ă  la conscience que sous forme symbolique, c'est-Ă -dire aprĂšs avoir Ă©tĂ© dĂ©formĂ©, dĂ©guisĂ© par des procĂ©dĂ©s de dĂ©placement mĂ©taphore, mĂ©tonymie qui mĂ©diatisent le sens de l'inconscient dans ses signifiants » reprĂ©sentants idĂ©o-verbaux de ce deuxiĂšme ou troisiĂšme degrĂ© de signalisation. De telle sorte que l'inconscient n'est pas amorphe mais systĂ©matique, et c'est en ce sens que J. Lacan a pu dire abusivement que l'inconscient est structurĂ© comme un comprend pour Freud le ça », c'est-Ă -dire la totalitĂ© des pulsions pulsions libidinales et pulsions de mort ; le sur-moi, c'est-Ă -dire l'image introjectĂ©e des parents notamment du pĂšre ou du phallus vĂ©hiculĂ©e par les relations Ɠdipiennes identification au pĂšre ou Ă  la mĂšre, avoir ou ĂȘtre un phallus, etc. ; et enfin le moi lui-mĂȘme, car, Ă©tant investi par la libido narcissique Ichbesetzung, ego-cathexis, il n'est et ne naĂźt que des exigences de la sphĂšre inconsciente et ne constitue pas une formation entiĂšrement consciente. De telle sorte que l'ĂȘtre conscient, en derniĂšre analyse, se trouve complĂštement dĂ©possĂ©dĂ© ». En effet, du point de vue Ă©conomique, Ă©nergĂ©tique ou topique, on peut dire que c'est – sauf clause de style – toute la vie psychique qui devient, aux yeux de Freud, inconsciente. Et ainsi, aprĂšs avoir Ă©tĂ© une psychologie de la conscience dans sa forme classique, la psychologie est devenue, aprĂšs Freud, une psychologie de l' extension abusive de l'inconscient Ă  toute l'activitĂ© de la vie psychique et Ă  toutes les formes ou instances de l'appareil psychique, par la thĂ©orie freudienne, ne pouvait que soumettre celle-ci Ă  la critique qui lui reproche de faire disparaĂźtre artificiellement l'ĂȘtre conscient en attribuant Ă  l'inconscient tous les attributs de la conscience critique de G. Politzer et de l'egopsychology.La thĂ©orie freudienne s'expose, d'autre part, Ă  une autre grave critique en sĂ©parant radicalement l'inconscient de l'ĂȘtre conscient, rĂ©duit lui-mĂȘme Ă  n'ĂȘtre qu'une sorte de hublot lentille optique ou Ɠil-de-bƓuf cf. le fameux schĂ©ma d [...]1 2 3 4 5 
pour nos abonnĂ©s, l’article se compose de 16 pagesÉcrit par ancien chef de clinique Ă  la facultĂ© de mĂ©decine de Paris, mĂ©decin chef Ă  l'hĂŽpital psychiatrique de BonnevalClassificationPhilosophiePhilosophie gĂ©nĂ©raleIndividuConscienceSciences de la vieBiologie humainePhysiologie humaineNeurobiologie, physiologie humaineSciences humaines et socialesPsychologiePsychologie gĂ©nĂ©ralitĂ©sFonctions psychiquesSciences humaines et socialesPsychanalyseThĂ©orie psychanalytiqueAppareil psychiqueSciences humaines et socialesPsychanalyseThĂ©orie psychanalytiqueInconscientAutres rĂ©fĂ©rences CONSCIENCE » est Ă©galement traitĂ© dans CONSCIENCE notions de baseÉcrit par Philippe GRANAROLO ‱ 2 718 motsLequel d’entre nous, enfant, traversant la rue sans regarder ou sautant du haut d’un arbre, n’a jamais Ă©tĂ© accusĂ© d’ĂȘtre inconscient » ? Nos parents ou nos Ă©ducateurs voulaient nous faire comprendre par lĂ  que nous Ă©tions aveugles au danger, que nous manquions de luciditĂ© et de la plus Ă©lĂ©mentaire pas dans un sens voisin qu’il convient d’interprĂ©ter le cĂ©lĂšbre avertissement de [
] Lire la suitePSYCHOLOGIE COGNITIVE ET CONSCIENCEÉcrit par Axel CLEEREMANS ‱ 1 620 motsLa conscience, en tant qu’objet d’étude, reprĂ©sente un des plus grands dĂ©fis scientifiques du xxie siĂšcle. Le concept de conscience est multiple. Dans son sens premier, le mot conscience », qui tire son origine du latin conscientia, avec connaissance », fait rĂ©fĂ© [
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] Ce n'est pas le lieu, ici, de redĂ©ployer toute la problĂ©matique, difficile par sa subtilitĂ© et par sa nouveautĂ©, d' Être et Temps . Rappelons que, au lieu de caractĂ©riser l'homme par la subjectivitĂ© ou la conscience – ce qui sous-tend toujours, par l'autonomie de ce que ces concepts sont censĂ©s dĂ©signer, l'Ă©quivoque d'un ĂȘtre qui pourrait ĂȘtre tout autant hors du monde qu'ĂȘtre dans le monde ou au [
] Lire la suiteARCHITECTURE & MUSIQUEÉcrit par Daniel CHARLES ‱ 7 421 mots Dans le chapitre Nouvelle position du problĂšme la critique de la conscience esthĂ©tique » [
] Ne faut-il pas cependant s'interroger sur cette rĂ©duction de la forme » Ă  l' objet ? On se rappelle en quels termes le Heidegger de l'Ă©poque des conceptions du monde » entreprenait – en 1938 – de se dĂ©marquer de Hegel Ă  la diffĂ©rence de ce dernier, l'auteur de Sein und Zeit refusait d'admettre que la relation sujet-objet, c'est-Ă -dire la conscience dans l'acception traditionnelle, gouvern [
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] Dans cette recherche de mĂ©canismes physiques d'intentionnalitĂ©, il est donc possible d'aller plus loin. À partir de modĂšles d'auto-organisation au sens fort, rien n'empĂȘche en effet de concevoir que la capacitĂ© de faire des projets, et d'avoir des comportements intentionnels dĂ©terminĂ©s par ces projets, puisse ĂȘtre comprise elle aussi dans son principe gĂ©nĂ©ral et modĂ©lisĂ©e comme rĂ©sultat d'un mĂ©ca [
] Lire la suiteBERGSON HENRI 1859-1941Écrit par Camille PERNOT ‱ 8 102 mots ‱ 1 mĂ©dia Dans le chapitre L'Ă©lan vital » [
] Il est donc possible et indispensable de se reprĂ©senter la vie comme un seul et mĂȘme Ă©lan, chargĂ© de virtualitĂ©s multiples, qui s'est partagĂ© entre des directions diffĂ©rentes et qui, passant d'une gĂ©nĂ©ration Ă  la suivante, est la cause profonde de la crĂ©ation d'espĂšces nouvelles. Cet Ă©lan n'a pas son unitĂ© en avant de lui, dans un but dĂ©terminĂ© qu'il viserait, mais en arriĂšre, dans son impulsion o [
] Lire la suiteBION WILFRED R. 1897-1979Écrit par Émile JALLEY ‱ 4 813 mots Dans le chapitre La psychose » [
] Bion a Ă©laborĂ© ses conceptions concernant la psychose pendant les annĂ©es 1950-1962 et les a explicitĂ©es dans Second Thoughts 1967. Il reprend au modĂšle de l'appareil psychique, prĂ©sentĂ© par Freud dans l'aporĂ©tique chapitre VII de L'InterprĂ©tation des rĂȘves 1900, le thĂšme de la conscience comme organe de perception pĂ©riphĂ©rique, en double contact, centripĂšte et centrifuge, avec la rĂ©alitĂ© ex [
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] Tout autre est la vision apportĂ©e par le monothĂ©isme judĂ©o-chrĂ©tien. L’un des plus vieux rĂ©cits de l’humanitĂ©, la GenĂšse biblique, offre une saisissante description de la naissance de la conscience. En goĂ»tant au fruit de l’Arbre de la Connaissance, Adam et Ève sortent de l’innocence animale prĂ©sentĂ©e comme une forme Ă©vidente de bonheur Les yeux des deux se dessillent [s’ouvrent Ă  la rĂ©alitĂ© [
] Lire la suiteBRENTANO FRANZ 1838-1917Écrit par Samuel Hugo BERGMAN ‱ 1 608 mots Dans le chapitre La science de l'avenir » » [
] Brentano considĂ©rait la psychologie comme la partie la plus importante de son Ɠuvre, celle qui devait servir de base aux autres disciplines et rendre possible la solution des principaux problĂšmes philosophiques. D'aprĂšs lui science de l'avenir », elle exercera une profonde influence sur le dĂ©veloppement de la pĂ©dagogie, de la politique et de la vie pratique en gĂ©nĂ©ral. Dans Psychologie du point [
] Lire la suiteVoir aussiTHÉORIE FREUDIENNEAPPAREIL PSYCHIQUELes derniers Ă©vĂ©nements10-24 avril 2022 France. Réélection du prĂ©sident Emmanuel Macron. Dans son discours prononcĂ© sur le Champ-de-Mars, Ă  Paris, il dĂ©clare savoir que nombre de nos compatriotes ont votĂ© ce jour pour [lui] non pour soutenir les idĂ©es qu[’il] porte, mais pour faire barrage Ă  celles de l’extrĂȘme droite » et dĂ©clare avoir conscience que ce vote [l’]oblige pour les annĂ©es Ă  venir ». Il promet une Ăšre nouvelle » qui ne sera pas la continuitĂ© du quinquennat qui s’achĂšve ». [
] Lire la suite19 novembre 2021 France. Condamnation de La Poste pour faute inexcusable ». Celle-ci Ă©tablit que La Poste, qui avait ou aurait dĂ» avoir conscience du danger que reprĂ©sentaient, pour la santĂ© de [ce salariĂ©], la modification de son pĂ©rimĂštre managĂ©rial et l’accroissement de ses charges de travail et responsabilitĂ©s, n’a pas pris les mesures nĂ©cessaires et suffisantes pour le prĂ©server du danger pour sa santĂ© tant physique que psychique ». [
] Lire la suite18-30 juin 2021 France. Transformation du groupe LagardĂšre en sociĂ©tĂ© anonyme. Du 18 au 23, une partie de la rĂ©daction d’Europe 1 observe une grĂšve, la premiĂšre dans l’histoire de la station, pour dĂ©noncer le licenciement d’un journaliste, l’absence de clause de conscience et la menace de changement Ă©ditorial dans la perspective d’une fusion avec la rĂ©daction de la chaĂźne de tĂ©lĂ©vision CNews, propriĂ©tĂ© de Vivendi. Le 30, l’assemblĂ©e gĂ©nĂ©rale des actionnaires du groupe LagardĂšre, qui possĂšde notamment le groupe d’édition Hachette, le magazine Paris-Match, Le Journal du dimanche, Europe 1 et les boutiques de gares et d’aĂ©roports Relay, valide sa transformation de sociĂ©tĂ© en commandite en sociĂ©tĂ© anonyme, moins protectrice pour son dirigeant Arnaud LagardĂšre qui en devient le PDG pour au moins six ans. [
] Lire la suiteRecevez les offres exclusives Universalis Qu'est-ce que l'inconscient ? Freud, Lacan, LeibnizTable des MatiĂšres1 Qu'est-ce que l'inconscient ? Freud, Lacan, Leibniz2 L’inconscient une simple lacune de la conscience3 L’inconscient une force dynamique qui remet en question la dĂ©finition traditionnelle de l’ DĂ©finitions de Philosophes de la thĂ©orie de l'inconscient La pensĂ©e classique n'a pas reconnu l'existence de l'inconscient. Descartes, en effet, identifiait conscience et psychisme. Le mĂ©rite du philosophe allemand Leibniz une premiĂšre thĂ©orie de l'inconscient grĂące aux petites perceptions. A l'Ă©poque moderne, Freud va montrer la pleine lĂ©gitimitĂ© de cette notion, dĂ©sormais dĂ©finie Ă  partir du refoulement. D'abord considĂ©rĂ© comme adjectif, l'inconscient s'entend d'un individu qui ne possĂšde pas de conscience, mais c'est aussi, toutes choses qui Ă©chappent Ă  la conscience. Comme nom dĂ©sormais, il s'entend du caractĂšre de ce qui n'est plus actuellement conscient, ou qui n'est pas susceptible de le devenir. C'est, en effet, l'ensemble des faits psychiques Ă©chappant Ă  la conscience. Dans les MĂ©ditations mĂ©taphysiques », Descartes finit par procĂ©der Ă  la rĂ©union de l’esprit et du corps, rĂ©union qui vient expliquer l’interaction de l’un sur l’autre. Il tient pour exemple de cette coexistence les sensations de douleur et de faim, sensations physiques qui viennent troubler le bon fonctionnement de la pensĂ©e. Lorsque le corps souffre la pensĂ©e est troublĂ©e et inversement. En prolongement de cette rĂ©union de l’ñme et du corps, le texte Une jeune fille louche » fournit une nouvelle approche de la conscience. Par cet exemple, Descartes dĂ©crit le phĂ©nomĂšne suivant par la mise en prĂ©sence d’un sujet dont les caractĂ©ristiques ont affectĂ© ma conscience par le passĂ©, l’affection Ă©prouvĂ©e dans cette expĂ©rience passĂ©e peut ressurgir dans le prĂ©sent face Ă  un nouveau sujet ressemblant. Ce phĂ©nomĂšne conduit ainsi Ă  devoir s’interroger sur la relation que la conscience entretient avec la mĂ©moire en mĂȘme temps que ce type de fonctionnement rĂ©vĂšle certaines zones d’ombre au sein mĂȘme de la conscience. ProblĂ©matique Les questions suivantes s’imposent la conscience peut-elle tout expliquer du psychisme ? La conscience n’est-elle pas lacunaire ? Si les pensĂ©es viennent Ă  moi quand elles le veulent et non quand je le dĂ©sire selon Nietzsche, n’existe-t-il pas un phĂ©nomĂšne psychique qui Ă©chappe Ă  la conscience ? Cours dĂ©taillĂ© sur l'inconscient L’inconscient une simple lacune de la conscience La question de l’inconscient la question des perceptions insensibles Leibniz Nouveaux essais sur l’entendement humain ». Leibniz tente un compromis entre le rationalisme de Descartes et l’empirisme de Locke. Selon Leibniz, l’expĂ©rience ne nous fournit aucune idĂ©e mais elle dĂ©veloppe nos capacitĂ©s. L’expĂ©rience chez Leibniz elle est constituĂ©e par l’observation des objets externes donc l’expĂ©rience se fait par les sens et par l’opĂ©ration combinĂ©e de l’ñme la rĂ©flexion. Leibniz est l’un des premiers penseurs Ă  observer le phĂ©nomĂšne inconscient et il va dĂ©finir l’inconscient comme une faille de la conscience, une faiblesse de cette derniĂšre qui ne peut distinguer toutes les perceptions qu’elle reçoit. Toute rĂ©alitĂ© psychique demeure en nous et reste imprimĂ©e dans notre esprit. Mais toutes ces rĂ©alitĂ©s ne sont pas discernĂ©es par notre conscience. Ces perceptions imperceptibles, Leibniz les nomment perceptions inconscientes ». Il s’agit d’une infinitĂ© de petites perceptions qui sont trop petites et trop nombreuses pour parvenir Ă  ĂȘtre distinguĂ©es et discernĂ©es par l’esprit. En cela, Leibniz s’oppose Ă  Descartes car lĂ  oĂč Descartes ne voyait qu’un mĂ©canisme du cerveau, un fonctionnement physique des plis dans le cerveau Leibniz voit un phĂ©nomĂšne psychique. A l’opposĂ© de ces perceptions inconscientes se trouve l’aperception perception dont on a conscience. Les perceptions inconscientes ne peuvent ĂȘtre perçues comme une unitĂ© par l’esprit. Toutes les perceptions ont leur effet, mais tous les effets ne sont pas toujours notables » En un mot, c’est une grande source d’erreur de croire qu’il n’y a aucune perception dans l’ñme que celles dont on s’aperçoit » Leibniz Dans ce texte, Leibniz utilise l’exemple du bruit de la mer pour illustrer le phĂ©nomĂšne des petites perceptions, dites perceptions insensibles ». Lorsque l’on Ă©coute le bruit de la mer, le son semble unique alors qu’il est un assemblage de tous les sons produits par chacune des milliers de vagues en mouvement et qui constitue le son unique. Or, pour avoir la perception de ce son unique, il faut bien que nous ayons accĂšs Ă  tous les petits sons qui le composent quoique chaque petit son de chaque petite vague soit confondu avec l’assemblage de tous les sons de toutes les vagues. Si la vague Ă©tait seule mon esprit ne pourrait rien percevoir. Leibniz prend un autre exemple pour illustrer ce phĂ©nomĂšne celui du bruit d’un moulin proche d’une habitation. L’habitude provoquĂ©e par l’entente du son du moulin fait que l’on n’y prĂȘte plus attention au point de ne plus l’entendre tant il est incorporĂ©. Ce n’est que lorsque le moulin cesse de fonctionner que l’on se surprend Ă  ne plus l’entendre et donc Ă  faire attention Ă  sa prĂ©sence. Toutes les perceptions nous atteignent par-delĂ  l’attention que l’on y prĂȘte, par-delĂ  la conscience que l’on en a On ne serait jamais rĂ©veillĂ© par le plus grand bruit du monde, si on n’avait quelque perception de son commencement ». Les petites perceptions tiennent donc une place prĂ©pondĂ©rante dans notre psychisme. Elles tiennent une place importante dans la sensibilitĂ© en ce qui concerne la perception dans la perception les images sont claires dans leur ensemble mais confuses dans leurs parties. Elles tiennent une place importante quant au temps chaque petite perception est liĂ©e Ă  celle qui la prĂ©cĂšde le passĂ© et Ă©galement liĂ©e Ă  chaque perception qui la suit perception Ă  venir. Elles tiennent une place importante dans l’identitĂ© de l’individu les perceptions inconscientes marquent l’individu s’impriment dans son esprit, elles le constituent. L’homme est donc constituĂ© par ces perceptions insensibles qui l’ont marquĂ© par le passĂ© et qui font qu’elles s’intĂšgrent Ă©galement dans son Ă©tat prĂ©sent. Tout est donc liĂ© dans le sujet pour autant que le sujet parvienne Ă  ĂȘtre conscient de toutes ces liaisons en lui. Nous pensons Ă  quantitĂ© de choses en mĂȘme temps mais notre attention ne porte la plupart du temps que sur nos pensĂ©es les plus distinctes. Si nous devions ĂȘtre attentifs Ă  tout, il faudrait prendre en considĂ©ration tout ce qui se produit lors d’une perception ou d’une pensĂ©e. PhĂ©nomĂšne impossible. Cette attention limitĂ©e ne remet pas en cause le fait que tout demeure en nous, en notre mĂ©moire. Elle signifie seulement que le sujet ne peut se remĂ©morer toutes les perceptions et expĂ©riences vĂ©cues. Dans l’esprit, rien n’est oubliĂ© et pourtant tout ne revient pas nĂ©cessairement Ă  la conscience. Transition Avec Leibniz, l’inconscient prend une place importante dans la constitution du psychisme il existe des perceptions inconscientes et elles constituent l’identitĂ© du sujet au mĂȘme titre que les perceptions conscientes. Seulement, l’inconscient ne signifie ici que ce qui est non conscient ». L’inconscient n’est compris que comme la nĂ©gation de la conscience, comme une faiblesse de celle-ci Ă  parvenir Ă  embrasser la totalitĂ© des perceptions infimes et multiples auxquelles elle fait face. Avec Freud et la thĂ©orisation de l’inconscient, l’inconscient va devenir une instance psychique Ă  part entiĂšre, instance qui donne lieu Ă  une nouvelle topique une nouvelle topographie. L’inconscient devient un nouveau lieu dans la psychisme, lieu qui se dĂ©termine par une activitĂ© autonome, dynamique, active. Mais cette nouvelle dĂ©finition du psychisme n’est pas sans consĂ©quence. La dĂ©finition traditionnelle de l’homme par la conscience et le libre arbitre est Ă©branlĂ©e dans ses fondements. De plus, la thĂ©orisation de l’inconscient est l’ultime blessure narcissique dont l’homme doit faire l’épreuve. L’inconscient une force dynamique qui remet en question la dĂ©finition traditionnelle de l’homme. L’inconscient la troisiĂšme blessure narcissique imposĂ©e Ă  l’homme. Les trois blessures Avec Copernic, l’homme subit sa premiĂšre blessure narcissique la Terre n’est plus au centre de l’univers, elle n’en est qu’une parcelle insignifiante. Darwin inflige Ă  l’homme sa seconde blessure narcissique. En effet, avec Darwin, l’homme comprend qu’il n’est plus un ĂȘtre singulier dans l’ordre de la crĂ©ation, il n’est qu’une des formes dans la multiplicitĂ© animale. Avec Freud, l’homme est confrontĂ© Ă  sa troisiĂšme blessure narcissique avec la thĂ©orie de l’inconscient, l’homme ne peut plus se dĂ©finir par la seule conscience. Il y a, en lui, des dĂ©sirs qui se trament, qui s’agitent et qui parfois le dĂ©bordent. Il y a en lui des pulsions qui peuvent provoquer la ruine de la conscience Le Moi n’est pas maĂźtre en sa propre maison ». L’hypothĂšse de l’inconscient l’homme est dĂ©possĂ©dĂ© de lui-mĂȘme. Si la conscience se dĂ©finit comme la distance qui permet Ă  l’homme de penser le monde et de se penser lui-mĂȘme, si cette distance imposait Ă  l’homme la nĂ©cessitĂ© de rĂ©pondre de ses actes et de lui-mĂȘme, l’inconscient vient troubler cette dimension mĂȘme et donc peut remettre en question le problĂšme du jugement moral et de la responsabilitĂ©. Si l’inconscient signifie qu’il y a en l’homme des dĂ©sirs inavouĂ©s, refoulĂ©s qui peuvent dĂ©border la conscience, l’homme est comme dĂ©possĂ©dĂ© de lui-mĂȘme, dĂ©possĂ©dĂ© de son libre arbitre car ce dernier en parviendrait pas Ă  canaliser ce que l’inconscient peut provoquer. La dĂ©finition mĂȘme de l’identitĂ© est Ă  interroger Ă  nouveau. Comprendre l’inconscient, c’est ainsi approcher l’homme Ă  partir de ce que le psychisme indique quant Ă  son caractĂšre lacunaire et dĂ©faillant face Ă  une instance dynamique et active. Tu te comportes comme un monarque absolu qui se contente des informations que lui donnent les hauts dignitaires de la cour et qui ne descend pas vers le peuple pour entendre sa voix » Freud Qui est Freud ? Freud est avant tout un clinicien. Il fut formĂ© Ă  Paris dans le service de Charcot, mĂ©decin spĂ©cialiste des maladies nerveuses. Le premier constat de Freud est Ă©difiant certains malades dont les membres sont paralysĂ©s ont un comportement irrationnel et pourtant ne prĂ©sentent aucun trouble d’origine biologique, aucune maladie organique. Freud en dĂ©duit que la source de ces pathologies est Ă  chercher dans une autre origine que celle organique si la source n’est pas organique, elle ne peut ĂȘtre que psychique. Il y a psychiquement quelque chose qui se dit au travers de diffĂ©rents symptĂŽmes, quelque chose que la conscience ne peut dire et qui se traduit par une somatisation. Il y a psychiquement quelque chose qui veut se dire mais que la conscience ne peut avouer et qui se traduit par le corps. Si dans le psychisme, il y a une instante qui met en pĂ©ril la conscience, cela signifie que cette instance a une activitĂ© qui lui est propre, un dynamisme, un fonctionnement interne Ă©tranger et diffĂ©rent de celui qui dĂ©finit la conscience. L’hypothĂšse de l’inconscient rĂ©pond donc d’une nĂ©cessitĂ© clinique afin d’expliquer des phĂ©nomĂšnes psychiques qui Ă©chappent Ă  la conscience mais qui pourtant font sens. Exemple Anna O. L’inconscient chez Freud L’inconscient une rĂ©alitĂ© positive et dynamique. Placer l’inconscient au mĂȘme rang que la conscience quant Ă  la force de l’activitĂ© signifie que toute activitĂ© psychique fait sens, elle est toujours porteuse de signification. Les pensĂ©es conscientes et les pensĂ©es inconscientes font toutes les deux sens. La dĂ©couverte de l’inconscient s’inscrit donc dans une nouvelle topographie du psychisme Ă  cĂŽtĂ© de ce que la conscience dit, il y a parfois quelque chose d’autre qui la dĂ©borde ex les lapsus, les actes manquĂ©s. DerriĂšre le Moi conscient se cache le ça qui se dit. Mais ce qui se dit Ă  cĂŽtĂ© joue un jeu incessant entre prĂ©sentation et dissimulation. Le psychisme redĂ©fini Ce que la conscience exige, l’inconscient ne peut s’y rĂ©soudre, ce que l’inconscient dĂ©sire, la conscience ne peut l’accepter. Le psychisme se compose du ça, de moi et du surmoi. Freud Dans l’inconscient, il n’y a que des contenus plus ou moins fortement investis. Il y rĂšgne une plus grande mobilitĂ© des intensitĂ©s d’investissement ». Le ça l’inconscient. Il renvoie aux dĂ©sirs inconscients, aux pulsions sexuelles et d’autoconservation. Dans l’inconscient, il n’y a pas d’interdits, pas de doutes, pas de certitudes, pas de nĂ©gations, pas de temps car le temps est sans effet sur les pulsions. Son seul principe est le principe de plaisir. Le surmoi c’est l’inconscient lui aussi. Il se forme par l’intĂ©riorisation des interdits sociaux et parentaux. C’est lui qui installe la censure, le refoulement des reprĂ©sentations attachĂ©es aux pulsions quand elles menacent la construction du sujet. Le moi il appartient pour une part Ă  l’inconscient et pour l’autre part au conscient. Il demeure le pole conscient du sujet, de la personnalitĂ©. Le moi joue un rĂŽle de mĂ©diateur dans le conflit du moi et du surmoi. Il n’est donc pas autonome car il met en place des mĂ©canismes de dĂ©fense inconscients grĂące auxquels il rĂ©siste Ă  l’apparition du refoulĂ©. Avec Freud, le moi devient en partie conscient l’homme ne peut plus ĂȘtre pensĂ© seulement Ă  partir de la conscience et de l’opposition entre la conscience et le corps. La relation entre conscience et inconscient signale deux instances qui s’interpĂ©nĂštrent. Quelques dĂ©finitions Pulsions poussĂ©es Ă©nergĂ©tiques par lesquelles le corps tend vers un but dĂ©sirs. RĂ©sistance force dynamique empĂȘchant les phĂ©nomĂšnes inconscients de devenir conscients. Refoulement opĂ©ration psychique Ă  partir de laquelle un sujet repousse dans l’inconscient certaines reprĂ©sentations susceptibles de procurer du dĂ©plaisir. Il tient un rĂŽle majeur dans le psychisme et dans son Ă©quilibre. RefoulĂ© la production du refoulement. sublimation concept essentiel chez Freud mais trĂšs controversĂ©. Il dĂ©crit le processus par lequel des pulsions d’origine sexuelle se dirigent vers des idĂ©aux considĂ©rĂ©s comme intellectuellement supĂ©rieur, idĂ©aux qui ont l’air trĂšs Ă©trangers aux pulsions sexuelles mais qui n’en sont que l’expression idĂ©alisĂ©e. Le principe de plaisir et le principe de rĂ©alitĂ© L’inconscient est rĂ©gi par le principe de plaisir. La conscience est rĂ©gie par le principe de rĂ©alitĂ© Dans le psychisme, on trouve des types de pulsions fondamentales Eros et Thanatos. Eros l’amour, la pulsion de vie. Thanatos la mort, l’instinct de mort. Dans le psychisme ; il n’y a donc que deux instincts fondamentaux, Eros qui veut conserver et accroitre, Thanatos qui veut dĂ©truire. Mais si l’homme ne se rĂ©duit plus Ă  la seule conscience, si l’inconscient place le corps comme central parce que soumis aux pulsions, cette approche n’est pas sans consĂ©quence. Une crainte apparait chez certains penseurs quant aux consĂ©quences de la dĂ©couverte de l’inconscient. Cette peur la rĂ©duction de l’homme au plus proche de l’animalitĂ© et ainsi le penser comme davantage dĂ©terminĂ© par le corps que pas la conscience. L’inconscient un risque de dĂ©responsabilisation de l’homme. Alain ElĂ©ments de philosophie » Chez Alain L’ñme est un principe spirituel qui maĂźtrise les passions et le corps. La conscience se dĂ©finit par la rĂ©flexivitĂ©, la conscience de soi. La volontĂ© dĂ©finit un choix rĂ©flĂ©chi qui perdure et se distingue de la vellĂ©itĂ© l’essai d’un vouloir qui ne se tente qu’une seule fois. Pour Alain, l’inconscient est un personnage mythologique », un second moi posĂ© Ă  cĂŽtĂ© du moi qu’est l’ñme. Or cette place donnĂ©e Ă  un second moi engendre une inquiĂ©tude chez Alain. En effet, la pensĂ©e a traditionnellement dĂ©fini l’homme Ă  partir de la notion d’esprit, d’ñme, de conscience. Or, poser l’hypothĂšse de l’existence de l’inconscient indique une dĂ©finition nouvelle de l’homme, dĂ©finition que la philosophie a rĂ©guliĂšrement considĂ©rĂ©e comme moins digne que l’esprit le corps. Or, penser l’homme relativement au corps signifie observer l’homme Ă  partir de son appartenance Ă  l’ensemble du vivant et du monde de l’animalitĂ©. De plus, dire que le corps tient une place tout aussi importante que celle qu’occupe l’esprit et ceci quant Ă  sa force et son dynamisme, implique une remise en question de la notion de libertĂ© et de responsabilitĂ©. L’inconscient est donc une maniĂšre de donner dignitĂ© Ă  son propre corps » Alain C’est donner au corps, au second moi un pouvoir sur le premier moi l’esprit. Selon Alain, ceci reviendrait Ă  faire preuve d’une faute morale car fondĂ©e sur une lecture du corps qui ferait ombre Ă  l’ñme. Sartre l’inconscient ce qui procĂšde de la mauvaise foi. L’Etre et le NĂ©ant. Sartre interroge le caractĂšre soi-disant inconscient du phĂ©nomĂšne de censure de la psychanalyse et lĂšve la contradiction suivante pour que la censure soit censure, donc pour que la censure fasse blocage, il faut nĂ©cessairement que la censure ait identifiĂ© ce face Ă  quoi elle veut s’opposer pour distinguer ce qui sera refoulĂ© de ce qui sera acceptĂ©. Donc la censure est consciente car elle identifie et distingue. La censure ne peut donc pas ĂȘtre inconsciente. De plus, la conscience, pour exercer son rĂŽle de censure est nĂ©cessairement consciente d’elle-mĂȘme en tant que pouvoir de censure. Ainsi, une censure qui se dit inconsciente d’elle-mĂȘme est une censure qui refuse de se regarder en face, une censure de mauvaise foi, une censure qui se ment Ă  elle-mĂȘme. Selon Sartre, le systĂšme freudien est donc remis en question. La psychanalyse n’a, selon Sartre, ƓuvrĂ© qu’à supprimer la mauvaise foi d’une conscience qui ne veut pas se reconnaitre dans ses propres pensĂ©es et en assumer la responsabilitĂ© pour la remplacer par l’hypothĂšse de l’existence d’une instance psychique l’inconscient qui n’a aucune rĂ©alitĂ©. Conclusion La dĂ©couverte de l’inconscient apparait ainsi comme un phĂ©nomĂšne majeur dans la dĂ©finition du psychisme humain. Bien plus qu’une simple dĂ©couverte, l’inconscient engendre la nĂ©cessaire relecture de l’homme et de sa relation avec la conscience, le libre-arbitre, la liberté La psychanalyse, avec la dĂ©couverte de l’inconscient a ainsi engendrĂ© une nouvelle approche de l’homme Ă  partir de la place du corps. On peut penser Ă  la phrase de Merleau-Ponty Avec la psychanalyse, l’esprit passe dans le corps comme inversement le corps passe dans l’esprit ». Mais cette valeur donnĂ©e au corps est aussi ce qui Ă©branle sĂ©rieusement de nombreuses certitudes philosophiques admises et qui avec la dĂ©couverte de l’inconscient vacillent dans leurs fondements. L’homme subissant des pulsions inconscientes qui parfois le troublent peut-il encore ĂȘtre dĂ©fini par le libre arbitre ? Si l’homme est un ĂȘtre de dĂ©sirs peut-il en ĂȘtre le maĂźtre ? DĂ©finitions de Philosophes de la thĂ©orie de l'inconscient Freud – Nous rĂ©servons le nom d'inconscient aux faits psychiques refoulĂ©s, c'est-Ă -dire dynamiquement inconscients. » – L'inconscient est le psychique lui-mĂȘme et son essentielle rĂ©alitĂ©. Sa nature intime nous est aussi inconnue que la rĂ©alitĂ© du monde extĂ©rieur, et la conscience nous renseigne sur lui d'une maniĂšre aussi incomplĂšte que nos organes des sens sur le monde extĂ©rieur. » Lacan – L'inconscient est cette partie du discours concret en tant que transindividuel, qui fait dĂ©faut Ă  la disposition du sujet pour rĂ©tablir la continuitĂ© de son discours conscient. – “L'inconscient est le discours de l'Autre.” Hegel – Dans notre vie commune, nous avons conscience, mais nous n'avons pas conscience d'avoir conscience ; bien des choses, ne fĂ»t-ce que les corporelles, sont en nous inconscientes, par exemple les opĂ©rations vitales nĂ©cessaires Ă  notre conservation, qui sont en nous sans que nous ayons conscience de leur fonctionnement prĂ©cis, telle que la science est seule en mesure de nous faire connaĂźtre. Sur le plan de l'esprit, il est en nous Ă©galement bien des rĂ©alitĂ©s que nous ignorons. » PhĂ©nomĂ©nologie de l'esprit Leibniz Il y a mille marques qui font juger qu'il y a Ă  tout moment une infinitĂ© de perceptions en nous, mais sans aperception et sans rĂ©flexion, c'est-Ă -dire des changements dans l'Ăąme mĂȘme, dont nous ne nous apercevons pas. » Alain “L’inconscient est une mĂ©prise sur le Moi , c’est une idolĂątrie du corps” Alain et la critique de l'inconscient freudien Sartre “L’inconscient n’est que la mauvaise foi personnifiĂ©e” article sur Sartre et sa dĂ©nonciation de l'inconscient RĂ©sumĂ© du document Dissertation de Philosophie niveau Terminale rĂ©pondant Ă  la question suivante L'inconscient n'est-il qu'un moindre degrĂ© de conscience ? Sommaire I L'inconscient se distingue radicalement de la conscience de nature psychologique lorsqu'il dĂ©signe l'inconnu physiologiqueA. Lorsque la conscience se confond avec le psychisme...B. ... l'inconscient dĂ©signe l'inconnu corporelII Cependant l'inconscient peut aussi avoir le sens psychologique d'une conscience obscurcie on parle alors d'inconscienceA. Il peut exister aussi des pensĂ©es imperceptibles...B. ... lorsque la conscience Ă  un degrĂ© infiniment basIII Mais cet inconscient, lorsqu'il a sa propre activitĂ©, ne peut se confondre avec une conscience dĂ©gradĂ©e, mĂȘme si, comme elle, il est de nature psychologiqueA. Il existe aussi des phĂ©nomĂšnes d'origine psychique incomprĂ©hensibles pour une conscience attentive, Ă©veillĂ©e...B. ... car l'inconscient a en rĂ©alitĂ© sa propre activitĂ© qui fait de lui une entitĂ© psychique de nature diffĂ©rente de la conscienceConclusion Extraits [...] Or l'inconscient n'est-il pas d'abord cet inconnu d'ordre corporel qui s'oppose dans son essence Ă  la conscience, qui elle, en revanche, relĂšve du psychisme ? DĂ©terminer ce que sont la conscience et l'inconscient revient finalement Ă  s'interroger sur l'homme et sur les rapports entre son Ăąme et son corps. [ A. Lorsque la conscience se confond avec le psychisme ] Avant d'ĂȘtre une prĂ©occupation pratique d'ordre psychologique, la connaissance de soi est d'abord une recherche philosophique inaugurĂ©e avec l'oracle de Delphes connais-toi toi-mĂȘme devenu la devise de Socrate. [...] [...] L'inconscient n'est-il qu'un moindre degrĂ© de conscience ? [ Introduction ] Cela m'a complĂštement Ă©chappĂ© un tel constat marque la prise de conscience de quelque chose que l'on a vu, fait ou dit sans s'en apercevoir, comme si la sortir de l'Ă©tat inconscient rĂ©sultait d'une prĂ©sence plus attentive de la conscience. En ce sens, le passage entre ces deux Ă©tats serait celui d'un rĂ©veil de la conscience. Mais si l'on peut passer progressivement de l'inconscient grĂące Ă  une attention plus soutenue, l'inconscient n'est-il alors qu'un degrĂ© moindre de la conscience ? [...] [...] Mais comment rendre compte alors des actes involontaires qui nous dĂ©terminent et qui Ă©chappent pourtant Ă  toute attention soutenue de la conscience ? [ 3. Mais cet inconscient, lorsqu'il a sa propre activitĂ©, ne peut se confondre avec une conscience dĂ©gradĂ©e, mĂȘme si, comme elle, il est de nature psychologique ] Il existe des phĂ©nomĂšnes dont aucune activitĂ© physiologique ne peut rendre compte et qui Ă©chappent Ă  toute prise de conscience. Ces phĂ©nomĂšnes sont d'origine psychique, mais tĂ©moignent d'une activitĂ© exclusivement inconsciente. [...] [...] MĂȘme si l'inconscient et la conscience sont tous deux d'essence psychique, ils n'ont pas une diffĂ©rence de degrĂ©, mais une diffĂ©rence de nature. Aujourd'hui largement vulgarisĂ©e, l'idĂ©e d'une activitĂ© inconsciente psychique et autonome apparaĂźt pour le sens commun comme une Ă©vidence. Questionner cette Ă©vidence montre que l'inconscient, avant d'ĂȘtre un thĂšme psychologique, est un concept philosophique qui engage avec lui des prĂ©supposĂ©s mĂ©taphysiques. [...] [...] Il peut exister Ă©galement des sentiments confus, comme une affection naissante qui porte vers quelqu'un et qui ne vient Ă  la conscience que progressivement. Dans un autre sens, une connaissance peut ĂȘtre oubliĂ©e, et devenir inconsciente. Souvenirs, affections, troubles, oublis sont des rĂ©alitĂ©s psychiques sur lesquelles il suffit que l'attention du sujet se porte pour qu'elles soient visibles Ă  la conscience. En ce sens, ces Ă©lĂ©ments inconscients peuvent ĂȘtre considĂ©rĂ©s comme une conscience endormie, une conscience de faible degrĂ©. Affirmer que ces Ă©lĂ©ments seraient purement physiologiques serait rendre inexplicable leur passage Ă  la conscience. [ B . [...]

l inconscient n est il qu une conscience obscurcie